« Million Dollar Baby » démarre comme une énième success story sportive, où une jeune femme à la volonté de fer va grimper les rangs de la boxe professionnelle. Mais c’est oublier que c’est Clint Eastwood derrière la caméra, et que le bonhomme, bien qu’inégal, était alors très en forme.
Le film bénéficie en premier lieu de protagonistes solides et pleins de failles, interprétés par des acteurs au top niveau. Clint Eastwood en entraîneur taciturne de très bon conseil technique, mais incapable de se remettre en question ou d’écouter un avis critique, sur le plan professionnel ou personnel, et hanté par une faute passée. Hilary Swank en héroïne surmotivée avec un sacré caractère, mais qui fonce tête baissée sans forcément se protéger. Elle sera la fille que notre entraîneur avait perdue. Et Morgan Freeman, dans l’un de ses plus beaux rôles des années 2000, en ancien boxeur devenu gérant pathétique de gymnase.
Des personnages dont les failles et les doutes seront magnifiés par une réalisation sobre et maîtrisée, qui exploite à merveille les jeux d’ombres des locaux mal éclairés. Alors il y a bien quelques petites caricatures, comme cette famille oisive de pauvres profitant allègrement des subventions sociales (on reconnait la patte d’Eastwood, très républicain !).
Mais ceci est allègrement compensé par un dernier acte particulièrement poignant et inattendu, qui arrive tel un uppercut assommant le spectateur qui s’attendait à voir un ersatz de « Rocky ». Le film se lance alors dans le traitement d’un sujet difficile et toujours d’actualité… qu’ils serait criminel de révéler !
En résumé, un très beau film, dur sur le fond, qui remporta à sa sortie un joli succès critique et public. Il est en revanche regrettable que la carrière d’Hilary Swank n’ait pas davantage décollé après cela.