Le drame d'être minoritaire
Bureau de Steven Spielberg, qui reçoit ses stagiaires.
- Alors bande de larbins, que m'avez-vous trouvé pour justifier un budget de 200 millions?
- Un obscur écrit par l'écrivain de Blade Runner.
- Voyons cela. (Steven lit laborieusement la première page) Bon déjà ça va pas : le héros est vieux, gros et moche. Et je viens d'engager Tom Cruise. Il préfère rester beau que gagner un Oscar en s'enlaidissant.
- Tom Cruise?! Mais vous vouliez un vrai acteur!
- Ta gueule le stagiaire. Je viens de voir des extraits de de ses films précédents : il peut sourire niaisement ou avoir l'air pas content. A Hollywood ça suffit. Et puis il va fédérer comme d'habitude les publics féminin, homosexuel et scientologue. C'est l'essentiel.
(Steven arrive à lire 3 autres pages puis s'énerve et arrache toutes ces 4 pages).
- Je suis pas un prof de littérature merde. Je vais pas me farcir ce pavé. Vous allez voir le premier larbin scénariste venu et vous lui confiez ces pages. Il doit m'en faire 2h20 de film avant l'aube parce qu'on commence à tourner à 8h demain matin. Et que ça saute.
Le lendemain matin dans la loge de Spielberg
- Voilà le scénario patron.
- Vous voyez pas que je discute avec le directeur de la photographie? Je l'ai fait venir de France Télévisions spécialement pour ce film.
- A ce propos je vous remercie de m'avoir engagé. Cela change des téléfilms sociaux sur France 2.
- En fait, si vous êtes là, c'est pour refaire les mêmes lumières gris très foncé que vous avez utilisé. Il faut donner un côté réaliste à ce film futuriste contenant (il commence à feuilleter le scénario) des autoroutes sur des parois de grattes-ciel, des policiers qui font vomir les suspects pour les neutraliser, ... bon il va falloir pas lésiner sur les filtres gris très foncés pour cacher cela.
Je préfère m'arrêter là.