Steven Spielberg a un réel talent de conteur, lorsqu'il ne s'acharne pas à massacrer Indiana Jones, Tintin ou les deux à la fois.
Alors quand il choisit en prime de s'appuyer sur Philip K. Dick, il ne reste plus beaucoup de raisons de douter.
Ce second visionnage de Minority Report, dix ans après, n'a pas remis en cause les souvenirs que j'avais du film.
Ses points forts sont toujours là, ses faiblesses aussi, sensiblement identiques.
Commençons par ces dernières.
La course poursuite tout d'abord.
Sans atteindre le niveau d'abomination de celle en side-car du déjà évoqué Tintin, de sinistre mémoire, la traque musclée de John Anderton par ses ex-collègues présente peu d'intérêt.
L'humour mal intégré, le tape-à-l'oeil des cascades et combats, tout tombe à plat en ce qui me concerne.
Ensuite, et là attention
*** SPOILER partiel ***
L'évènement sur lequel repose la majeure partie de l'intrigue est, à mon sens, affligé d'une lourde invraisemblance.
En effet comment imaginer que TOUS les flics présents sur les lieux (au lac) repartent en laissant sur place Anne Lively.
C'est complètement débile. Et ça aurait fiche en l'air toute la stratégie du vrai méchant.
Voilà j'ai essayé d'être sans ambiguïté sur le point qui me chiffonait, en dévoilant le moins possible de la trame, au cas où.
*** FIN SPOILER ***
Pour le reste donc, plutôt une réussite.
Je ne peux pas juger la qualité de l'adaptation, n'ayant pas (encore) lu le roman, mais de ce que j'ai compris c'est très correct.
Il est amusant de revenir sur un film d'anticipation dix ans plus tard.
Déjà à l'époque, on se disait des technologies montrées que leur mise en œuvre était vraisemblable à court/moyen terme.
De fait, aujourd'hui le fameux écran piloté par gestes est d'ores et déjà une réalité. Et nous sommes proches de pouvoir stocker des données sur du verre, des écrans transparents etc.
À noter, si j'ai dans les premières minutes trouvé les attitudes de Tom Cruise ridicules, j'ai vite révisé mon jugement tant cette chorégraphie, même si parfaitement inefficace d'un point de vue purement pragmatique, apporte un réel plus à l'image. Après tout c'est du cinéma, pas une démo technologique (encore que).
Les effets spéciaux ont fort bien vieilli et il y a peu à redire de ce côté.
La musique est adéquate, sans casser des briques.
Il y a ce qu'il faut de suspens et d'émotion. Un petit twist des familles.
Et des interrogations profondes bien évidemment, soulevées par cette notion de punir un crime qui VA être commis.
Mais je m'égare, tout ceci est l'œuvre de Philip K. Dick avant d'être celle de Steven Spielberg.
Finalement ma note, relativement moyenne, traduit exactement cela.
Spielberg est, encore une fois, un très bon cinéaste même si ses films dépassent rarement du cadre.
C'est une belle œuvre de SF, d'anticipation, une bonne adaptation selon beaucoup de gens qui ont lu le livre et vu le film.
C'est réussi esthétiquement, rythmé narrativement.
Dans le fond, c'est un film très hollywoodien, efficace et agréable.
Mais est-ce que cela ne manque pas un peu d'audace, malgré tout ?
Peut-être, mais à voir Indy 4 et Indy 5 (pardon, je voulais dire Tintin et les aventuriers du secret de la licorne perdue), a-t-on vraiment envie que Spielberg fasse preuve d'audace...
Minority Report est très bien dans son rôle. Et c'est déjà beaucoup.