Pour son vingtième long-métrage en tant que réalisateur, Clint Eastwood propose une fresque inattendue, portrait d'une petite ville sudiste, Savannah en Géorgie.
Ce film ambitieux au ton tragi-comique est un véritable mélange des genres : polar judiciaire, satire sociale, regard ésotérique, accompagnés d'une romance pas franchement utile.
C'est d'ailleurs la principale faiblesse de ce southern gothic : malgré une réalisation soignée qui parvient à intégrer ces différents ingrédients, le scénario se révèle assez indigeste, d'autant que "Midnight in the garden of good and evil" est d'une durée quelque peu prohibitive.
Eastwood déroule son récit selon différents angles, sans réellement en approfondir aucun, ce qui crée un curieux sentiment de téléscopage entre certaines scènes : par exemple, les excentricités outrancières de Lady Chablis cohabitent difficilement avec les séquences de procès dites "sérieuses".
De même, l'approche mystique incarnée par la vieille clocharde black ne m'aura guère enthousiasmée, même si elle participe à l'esthétique old south.
Pour autant, "Midnight in the garden of good and evil" n'est pas un échec total, et parvient par moments à distiller son parfum envoûtant, à l'instar des scènes centrées sur un Kevin Spacey une fois de plus remarquable, ici dans le rôle d'un nouveau riche homosexuel, cynique et séducteur.
Autour de lui, Jack Thompson en avocat loyal et Jude Law en petite frappe velléitaire tirent leur épingle du jeu, tandis que John Cusack paraît un peu fade et qu'Allison Eastwood apporte laborieusement la touche de fraîcheur et de sensualité espérée dans ce contexte.
Bref, une oeuvre qui m'aura laissé perplexe, pas déplaisante mais loin d'être aussi enthousiasmante qu'on aurait pu l'imaginer au vu de son potentiel.