APRÈS SÉANCE


Après avoir récupérer la liste des agents infiltrés, après avoir sauvé la Terre de la Chimère, après avoir récupéré la « patte de lapin » sans même savoir ce que c’est, après avoir évité une explosion nucléaire en plein San Francisco, et après avoir démantelé le Syndicat, Ethan Hunt (Tom Cruise) et sa bande sont de retour !


La sortie du trailer de Mission Impossible : Fallout la nuit du Super Bowl avait eu l’effet d’une bombe. Les cascades, la vitesse, la baston dans les toilettes, tout annonçait le blockbuster d’action de l’année ! Il faut dire que la licence reposant sur Tom Cruise s’est imposée depuis 1996 comme une des plus impressionnante saga d’action et d’espionnage. Qu’en est-il alors de ce sixième épisode ?


Deux années se sont écoulées depuis l’arrestation de Solomon Lane (Sean Harris), le chef du Syndicat, deux années marquées par différentes attaques orchestrées par les Apôtres dans le but de bouleverser l’ordre mondial. Tout s’accélère lorsque l’équipe Mission Impossible laisse filer le groupe terroriste avec trois charges de plutonium… La menace des Apôtres grandit, tout comme le doute planant sur Ethan Hunt.



SUR LE FOND : 6,5 étoiles



Avec Mission Impossible : Fallout, la saga perd clairement son statut de série de films plus-ou-moins indépendants, avec le développement d’une nouvelle mission dans chaque épisode. Comme c’est le cas pour les James Bond depuis l’arc Daniel Craig, la saga Mission Impossible repose désormais sur sa succession, sur son héritage développé depuis Mission Impossible : Protocole Fantôme, voire Mission Impossible III. En réalité, si nous prenons en considération la saga dans son ensemble, Mission Impossible : Fallout en est le climax, ce qui me fait dire qu’il y aura qu’un ou deux épisodes supplémentaires. Même si l’interconnexion des différents épisodes permet un développement plus approfondi, malheureusement ce nouvel opus est avant tout une belle capitalisation des films précédents…



How many times has Hunt's government betrayed him, disavowed him, cast him aside ? How long before a man like that has had enough ?



Évidemment, on y retrouve le méchant Solomon Lane et tout l’arc narratif autour du Syndicat/Les Apôtres mais l’héritage de Mission Impossible ne commence pas là : On a une scène de manipulation par la création d’un faux décor (la chambre d’hôpital) et une référence à Max rappelant le premier Mission Impossible (sans compter les hélicoptères). Il y a également une (très bonne) scène d’escalade faisant écho à l’ouverture de Mission Impossible 2. Julia (Michelle Monaghan), personnage de Mission Impossible III, fait son retour. Et l’intrigue de ce nouvel épisode repose sur une menace nucléaire, tout comme Mission Impossible : Protocole Fantôme. Bref, tous ces éléments formant le patrimoine Mission Impossible sont transmis au service du sixième opus. Une succession, en somme, au détriment d’un scénario vraiment original et cohérent.


L’histoire de Mission Impossible : Fallout m’a laissé très perplexe. C’est une intrigue inutilement compliquée, floue, qui cache visiblement un bon nombre d’incohérences scénaristiques, notamment concernant le rôle de la Veuve Blanche (Vanessa Kirby).


Dès la mission initiale, ce n’est pas très clair. L’idée est d’intercepter la vente de trois têtes de plutonium afin d’éviter que les Apôtres s’en emparent. Je passe sur le fait qu’Ethan Hunt préfère s’assurer que Luther (Ving Rhames) n’a pas trop mal au bidou après s’est pris une balle dans le gilet pare-balle plutôt que de surveiller l’objet de la mission. Toujours est-il que les charges sont volées. Par qui ? Pas les Apôtres, sinon le film serait fini. Nils Debruuk (Kristoffer Joner) est capturé en lot de consolation (il passait par là) et est manipulé pour débloquer un téléphone portable. Depuis quand l’IMF/la CIA a besoin du code PIN d’un portable pour pouvoir le débloquer ? Ils apprennent que la Veuve blanche va rencontrer un certain John Lark pour réaliser la vente du plutonium, une nouvelle fois. La Veuve blanche est visiblement une intermédiaire, et accessoirement une infiltrée de la CIA. Nous le découvrirons plus tard, en même temps que les scénaristes visiblement parce que si elle est de la CIA, il n’y a pas besoin de cracker le téléphone pour savoir qu’elle va rencontrer John Lark… Bref, elle n’a pas le plutonium sinon cela voudrait dire qu’il est en possession de la CIA. Lark non plus, c’est donc bien une organisation tierce qui a les charges nucléaires. Pourquoi demandent-ils plus tard la libération de Lane ? Ce sont finalement les Apôtres ? Tout ne se passe pas comme prévu, bagarre dans les toilettes et l’identité secrète de Lark est révélée : il s’agit de August Walker (Henry Cavill) de la CIA. Toutefois, malgré ces révélations, la CIA n’intervient pas. L’administration est donc probablement entièrement corrompue. Deux têtes de plutonium sont finalement armées au Cachemire, mais comme les Apôtres sont assez joueurs, ils ont utilisé un système de détonateur qui peut foirer en retirant la pile de la télécommande… Pratique. Au final, Erica Sloan (Angela Bassett), la directrice de la CIA n’est pas une Apôtre, pourquoi n’est-elle pas intervenue lorsque la couverture de Walker a été révélée ?


Beaucoup de questions, peu de réponse. Assez surprenant pour le gars qui a pondu jadis les scénarios d’Usual Suspects et d’Edge of Tomorrow



SUR LA FORME : 8 étoiles



Fort heureusement, ce scénario maladroit est habillé d’une réalisation aux petits oignons, avec une photographie bien léchée. Après le cinquième opus que beaucoup considère comme le meilleur de la saga (personnellement, j’hésite avec Mission Impossible : Protocole Fantôme), Christopher McQuarrie rempile avec la même énergie. C’est une forme d’action plutôt old school, bien loin de l’action blockbusterisée à la Dwayne Johnson où tout un tas d’immeuble en CGI explose de partout. Non, il s’agit ici d’action « pure », classique et viscérale, qui tient sur les cascades réalisées et sur les sensations qu’elles procurent.


La première moitié de Mission Impossible : Fallout installe un faux rythme. Le film oscille entre des scènes d’action et des moments plus lents de réflexion, de doute et de dialogue. Tandis que la seconde moitié est un véritable grand-huit, une attraction haletante qui ne laisse aucun répit au spectateur. On pourrait regretter l’absence d’une cascade d’envergure comme nous avait habitué les épisodes précédents (l’escalade du Burj Khalifa dans Mission Impossible : Protocole Fantôme, ou le décollage de l’avion dans Mission Impossible : Rogue Nation). Mais en réalité, le film est parsemé de cascades toutes plus folles que les autres : la chute à moto, le saut entre deux immeubles à Londres, la chute de l’hélicoptère sur son chargement et évidemment, toute la poursuite qui s’en suit.


Durant toutes ces scènes d’action, nous sommes en immersion totale grâce à des prises de vue au plus près des acteurs (permises notamment grâce à l’investissement de Tom Cruise dans ses cascades). Cela accentue l’intensité des poursuites et leur sensation de vitesse. En parlant de vitesse, ce plan d’Isla (Rebecca Ferguson) à moto qui traverse un couloir de colonnes plein gaz est incroyable. Ce plan de dos, avec l’image qui s’étend par la vitesse et le son des colonnes qui s’enchaine, est complètement renversant (comme toute la séquence dans Paris).


Il y a d’ailleurs un gros travail de mixage sonore dans Mission Impossible : Fallout. Déjà, il y a cette musique orchestrale qui vient appuyer l’action quand il le faut, un classique des Mission Impossible. Ici, le thème bien connu a été légèrement remixé. Les notes sont un peu plus coulantes, ce qui donne un aspect tragique au score, complétement en phase avec ce qui est développé dans ce film : l’humanité d’Ethan Hunt, son versant émotionnel. Mais il y a également quelques scènes où tous les bruitages ont été retirés. C’est utilisé une première fois lorsqu’Ethan Hunt imagine le plan de la Veuve blanche pour faire évader Lane. Du coup, je me suis dit que c’était pour isoler cette scène, pour montrer qu’il s’agit d’une imagination. Mais le procédé est réutilisé plus tard pour une autre scène bien réelle, ce qui lui fait perdre son sens, c’est dommage.



There cannot be peace without first, a great suffering. The greater the suffering, the greater the peace.



Mais globalement, il y a peu de fausses notes dans Mission Impossible : Fallout. On retrouve une équipe familière au lieu d’avoir Tom Cruise et quelques sidekicks comme dans les trois premiers épisodes. Le personnage d’Isla est hyper intéressant et pourrait bien être le futur de la saga, et l’évolution de Benji Dunn (Simon Pegg) est génial. August « Mooouuustache » Walker est impressionnant même si c’est malheureusement au détriment du développement de Lane. Il ne manquait plus que William Brandt, mais Jeremy Renner était trop occupé par le tournage d’Infinity War… (en réalité, le tournage concernait également Avengers 4). Tous ces personnages servent un bon film d’action, divertissant, mais qui laisse bizarrement un arrière-goût d’inachevé. Rendez-vous à la prochaine mission impossible.


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON



NOTE TOTALE : 7 étoiles


Créée

le 13 août 2018

Critique lue 423 fois

Spockyface

Écrit par

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