Suite directe du précédent, ce nouvel opus de la saga MI clôt un cycle et nourrit plus en profondeur le mythe de son héros. Créateur omnipotent et interprète habité, Tom Cruise confirme la figure d'Ethan Hunt en double casse-cou et mélancolique dont la trajectoire solitaire le confronte constamment au vide et à la démesure. Moins méthodique, parfois maladroit ou malhabile, souvent à bout de souffle, le personnage devenu quinquagénaire, improvise davantage, ne cache plus ses failles, tombe, se relève et court de manière insensée. Les personnages semblent désabusés, les méchants ne défendant leur cause qu'à demi-mot, les gentils évoquant un devoir dont ils ne maîtrisent plus le sens. Le récit lui-même, développant une trame héritée de la guerre froide, s'auto-rythme à grands coups de twists et, de Paris au Cachemire en passant par Londres, ne sait plus s'il doit faire voyager le spectateur au lieu de le surprendre. Se dessine alors un Hunt profondément perturbé se raccrochant à une famille de cœur qui semble seule à même de le comprendre. Tom Cruise donne tout mais reste un mystère qui passionne bien au-delà du simple récit d'aventure à gros budget. Et s'il en disait davantage sur lui quand il marche comme un type lambda au Palais Royal, quand il parle français, quand il sourit ? Porté par un casting brillant (dominé par Rebecca Ferguson en double féminin), ce nouvel épisode confirme la puissance romanesque de la saga. À quand le prochain ?