C’est une petite révolution en soi. En plus de conserver le réalisateur du (très réussi) Rogue Nation, Mission Impossible : Fallout en est la directe continuation, ce qui est inédit pour la saga qui renouvelait systématiquement le style et l’univers des aventures d’Ethan Hunt à chaque épisode.
Une seule chose ne change jamais, Tom Cruise, fascinant d’endurance, de prise de risque et d’implication. Les limites de son jeu d’acteur (tout de même assez lourdes) sont désormais nettement compensées par ses prouesses physiques et le gigantisme de la mise en scène déployée autour des exploits de son personnage dont il assure encore toutes les cascades.
Car Fallout est au moins un modèle, si ce n’est un aboutissement du genre. Rarement un film est allé aussi loin dans la précision, l’ambition et la profusion des scènes d’action. La mise en scène frénétique et virtuose de McQuarrie est une succession de ballets millimétrés, minutieux et haletants, si bien qu’on finit par ne plus compter les moments de bravoure, les poursuites épiques, les fusillades pétaradantes et les bastonnades à poings nus. On se prend au jeu. Dans la lignée des meilleurs James Bond d’antan, la technologie en plus, ce M:I révèle un petit goût old school, nous entraînant aux quatre coins du globe, nous surprenant avec d’étonnants gadgets et nous déroutant avec des twists souvent grossiers mais savoureux. Et puis les scènes dans Paris ont quand même une saveur toute particulière, jamais la capitale n’avait été filmée ainsi.
Ce Fallout est d’autant plus réussi que le casting est encore monté d’un cran niveau glamour. Si Cruise ne peut plus rivaliser avec un Henry Cavill modèle de virilité (j’ai essayé la même moustache, j’annonce que ça ne va pas à tout le monde), ce sont ces dames qui remportent la mise, chaque apparition de Rebecca Ferguson et Vanessa Kirby (The Crown) électrisant l’écran.
Le scénario est par conséquent assez accessoire, suffisamment solide dans son intrigue d’espionnage sans être trop complexe pour nous happer 2h30, mais surtout prétexte à un film d’action dantesque et total, que les états d’âmes et la fragilité nouvelle de son héros viennent à peine humaniser.
Spectaculaire, dense et intense, un pur plaisir de cinéma popcorn, scotchant et furieusement emballant.