Depuis le tragique accident qui a coûté la vie à son mari, Amélia élève seule son fils. Elle a abandonné la création de livres pour enfant pour s’occuper de personnes âgées, et le soir elle doit s’occuper de son très jeune fils et rassurer ses terreurs infantiles. Une vie pas toujours facile donc pour cette veuve célibataire. Jusqu’à ce que, à la lecture d’un livre découvert par hasard, le cauchemar ne devienne une réalité, mais c’est finalement la maman qui devra faire face à ses démons personnels.
Dans le genre presque saturé de films d’horreur, « Mister babadook » reprend quelques idées assez classiques, mais parvient à s’en démarquer. Il est plus subtil qu’un conjuring, sans son déluge d’objets volants et de jump scares, que l’on pouvait aussi trouver dans l’exorciste (mais qui lui se démarquait par son approche froide et réaliste).
Ici, sous couvert de film d’horreur, il s’agit plus de raconter l’histoire d’une relation forte entre une mère et son enfant, et une femme confrontée à un traumatisme et un deuil qui la hantent encore bien des années plus tard.
L’approche de ce Babadook, horrible monstre échappé de ce qu’il semblait être un conte pour enfant, est pernicieuse et progressive. Il y a d’abord l’attitude de Samuel, obsédé par son existence, allant jusqu’à créer et amener des armes à l’école et terrifiant ses camarades. Amélia finit alors par être peu à peu exclue des autres mamans, y compris sa propre sœur. Quelques événements étranges se produisent dans la maison, mais qu’elle attribue au comportement perturbé de son fils. A ce stade, l’existence du monstre peut encore être remis en doute, sur le compte de l’imagination fertile et des peurs de l’enfant.
Épuisée, perturbée moralement, hantée de mauvais souvenirs, la mère célibataire délaisse également son boulot. En manque de sommeil et croulante de fatigue, elle finit par avoir des hallucinations. Des grappes de cafard qui sortent du mur, le monstre qui apparaît furtivement dans toutes sortes d’endroits… Plus le temps passe, plus elle se retrouve isolée, et le peu de gens qu’elle croise encore la croient folle. Hallucinations d’une mère épuisée ? Quand le livre qu’elle a brûlée revient avec de nouvelles images terrifiantes, il n’y a plus de doutes possibles. Ce mister Babadook existe bel et bien, terriblement réel et source d’une menace incommensurable.
Puis elle est épuisée et à bout, plus le monstre ose des apparitions.
Un coup de fil avec une voix rauque…
Le bruit d’une créature qui monte au plafond, murmurant son nom…
Elle tente de partir mais sa tentative de fuite n’aboutit qu’à un accident, et résignée elle doit se résoudre à rentrer dans une maison devenue bien terrifiante.
Le garçon est complètement isolé, avec sa mère vulnérable en proie à une entité malfaisante qui compte bien exploiter sa faiblesse. Et cette fois nul exorciste, couple spécialisé dans le paranormal ou frères Winchester pour les aider. La mère, symbole d’amour et de protection, pourrait bien se devenir le plus grand péril qui soit. Samuel a juré de protéger sa mère, mais qui va le protéger lui ? L’amour et la dévotion seront-ils suffisants ou subiront-ils la fin terrible prévue dans le livre ?
Amélia tente bien de résister, mais en vain. Babadook resserre son emprise sur elle. D’abord des énervements et des paroles dures, des hallucinations morbides, et enfin de vraies pulsions… Elle dit des choses horribles qu’une mère ne devrait jamais dire « parfois j’ai envie de t’éclater la tête contre un mur » « j’aurais préféré que ce soit toi qui sois mort ». Sa colère honteuse et refoulée envers son fils ressurgit pleinement, ainsi que toute sa souffrance et sa peine trop longtemps enfouis.
On comprend que le monstre est en quelque sorte le reflet de son défunt mari, dont elle n’a toujours pas correctement son deuil. Elle défaille en effet quand quelqu’un d’autre parle de lui, et elle ne peut toujours pas fêter l’anniversaire de son fils, car cela la ramène à ce funeste jour. Elle aime son fils comme toute mère, mais il est aussi la cause de la mort de son amour. Comment ne pas penser à lui quand elle le regarde ? Comment avancer quand le plus beau jour de sa vie est aussi le plus terrible ?
La fin est assez émouvante, et démontre un bel amour entre un fils et sa mère. Le garçon inverse les rôles habituels, et avec un courage rare et une débrouillardise rare, parvient à chasser l’influence de l’entité et aider sa mère à retrouver sa contenance. Cette dernière, après l’éprouvante épreuve d’avoir du dire adieu à l’être aimé, retrouve son rôle de mère protectrice et repousse le monstre pour sauver son fils qu’elle aime par-dessus tout en dépit de ce qui est arrivé.
Un film d’horreur efficace, à l’ambiance angoissante maîtrisée, et également une belle histoire familiale.