"Knock knock knock, Ba-Ba-Ba Dook Dook Dook."
Ça fait longtemps que j'ai vu ce film (au festival de Gerardmer 2014 plus exactement), et mon avis est peut être altéré par le souvenir lointain que j'en ai. Mais ma motivation à écrire cette critique tiens justement du fait que j'en garde encore un vif souvenir, tant en termes de ressenti dramaturgique que de palpitant à 100 à l'heure à la sortie de la séance, et ce malgré le week-end bing watching que représente le festival.
Mr Babadook est un film fantastique. Si vous cherchez de l'horreur style Saw ou Freddy, passez votre chemin. Ce film se situe dans une autre stratosphère, celle des ambiances psychologique absolument tragiques et suffocantes. Car l'histoire que l'on nous raconte est très intéressante du point de vue moral: Une mère n'aime pas son enfant, où du moins le haït par ce qu'il lui fait subir et ce qu'il représente pour elle. Au moment d'emmener sa femme accoucher du-dis môme, ceux-ci ont un accident de la route qui entraine le décès du père. Rancœur et manque d'amour parsème le début du long-métrage. Ambiance.
Et pourtant, on rigole. Le gamin est tellement inventif, bruyant, hyperactif, que l'on comprend le calvaire de la mère. Un vrai enfer pour le supporter. Alors si en plus un drame a fait que la mère n'ai pas un lien "normal" d'amour envers son fils, la situation devient explosive. D'autant plus quand le gamin demande à ce que sa mère lui lise un livre qui ferait peur à n'importe lequel des croc mitaines. Et c'est à ce moment que l'on sent que la réalisation va être exemplaire: trois bout de cartons, la voix de la mère qui raconte, une musique angoissant mais qui se fait oublier et on a déjà le premier frisson qui nous coule le long du dos. La séance va être tendue, et tout le public de la salle le ressent au même moment.
Mr Babadook enchaine ensuite son synopsis sur le même train qu'un slasher comme l'a définit Wes Craven, mais la réalisation utilise ses codes avec une parcimonie et une inventivité de cadres et de prises de vues géniale, tout marche même si on se doute bien que ça va venir, tout fonctionne. A aucun moment un instant gore va venir nous dégouter, tout se joue sur le plan moral. Et quel est la grande marque de tout grand film d'épouvante ? D'aller chercher dans les tabous de la société, de nous les mettre en pleine face, de nous les faire voir et ressentir pour bien nous faire réagir. Et le long-métrage réussit son coup avec brio.
Le film de Jennifer Kent n'est donc pas dans l'horreur facile, dans le visuel et le dégoût primaire. Il va bien plus loin, il cherche et développe un sujet dont on ne parle que trop peu, mais qui existe: une mère aime-t-elle forcément son enfant ? Est-ce une pathologie de ne pas ressentir de l'amour pour la chair de sa chair ? Tout film qui pose des questions mérite la découverte, tout film qui réussit sa démonstration mérite l'admiration, tout film qui reste en mémoire mérite la reconnaissance. Mr Babadook restera comme l'un de ses petits films qui auront bousculé le monde du cinéma fantastique, un petit film qui deviendra peut être un futur classique.