Un coup raté, on ne peut pas dire autrement. Et c'est assez frustrant, car tout est propre : esthétiquement, c'est réussi et élégant ; les acteurs jouent plutôt bien le coup, et la maison est inquiétante juste ce qu'il faut. Oui mais voilà, le film souffre d'un gros problème de rythme, et les choix scénaristiques ne sont pas bons.

La première partie du film se concentre sur le petit garçon dans l'optique de nous mettre sur une fausse piste. En effet, le môme a un comportement très difficile (psychologie de comptoir, facilement compréhensible dû à l'absence du père...) et donc la mère en chie à mort et a beaucoup de mal à assumer son fils. Mais s'il y a bien un personnage qui a un gros souci dans l'histoire, c'est bien elle, la mère. Et ça, on le capte assez vite. Pourtant Jennifer Kent prend une grosse demi-heure pour nous l'expliquer.

Mais ce qui pose le plus problème dans le film, c'est l'utilisation qui est faite de ce Babadook. Et là c'est gros plantage en règle. Si sa première apparition n'est qu'un prétexte pour nous faire flipper (porte qui grince, tête sous les draps, apparition soudaine, etc...), on comprend bien trop vite l'objet de sa présence. Et l'apparition précoce du mari, qui aurait pu (et dû ?) constituer le twist final, vient confirmer nos doutes . Manque de bol, à ce moment-là nous en sommes qu'à l'heure de film, et il reste donc une grosse demi-heure à combler...

La réalisatrice tente alors de faire durer un suspense qui ne tient plus la route, et se plante logiquement dans une dernière demie-heure archi prévisible qui se ponctue par une scène grotesque (nourrir quotidiennement le Babadook = sorte de deuil pour se dire "va falloir vivre avec !", "faut qu'on s'y fasse !", blablabla). Bref, une fin ratée pour un propos qu'on avait pigé très tôt...

Et si t'es pas con, tu auras aussi vite vu que la part horrifique du film est minime voire quasi absente (une ou deux scènes inquiétantes qui te soulèvent à peine la moitié d'un poil de bras). Tout ça pour te faire comprendre qu'on n'a pas affaire à un véritable film d'horreur façon maison hantée, mais plutôt à un drame familial. Et oui, malin le lynx ! C'est d'ailleurs en cela que je trouve que ce Mister Babadook possède quelques familiarités avec "Les Autres" d'Amenabar.

A vouloir faire les choses (trop) bien, Jennifer Kent en a donc oublié toute efficacité. Bien sûr, tout n'est pas à jeter, et pour un premier essai on va dire que c'est encourageant. Malheureusement, les choix opérés n'ont pas rendu service au film, et donc au spectateur. Bien dommage.
badgone88
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le 9 nov. 2014

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