Prix du Jury au festival de Cannes 2014, 'Mommy' est la consécration du réalisateur Xavier Dolan pour le grand public. Si le jeune cinéaste fait preuve d'un talent évident pour créer des séquences fortes, l’œuvre manque peut-être d'un véritable propos.
Dans l'introduction, 'Mommy' nous situe dans un futur proche, où la loi canadienne autoriserait les parents d'enfants aux troubles psychologiques à remettre leur responsabilité parentale à l'Etat. Dès lors, on devine immédiatement comment 'Mommy' va se conclure. Certes, cela participe à instaurer une tension tragique au récit, mais Xavier Dolan fera preuve de maladresse pour transmettre la détresse la mère au spectateur tout au long du récit, et la solution extrême que constitue la loi S14. De ce fait, les larmes ne viennent pas lors du final formellement très réussi, mais un peu froid sur le fond.
La même critique est applicable à un grand nombre de séquences. Le réalisateur propose de véritables clips sur fond de "Wonderwall" de Oasis, "Experience" de Ludovico Einaudi ou "On ne change pas" de Céline Dion, et il s'agit de passages vraiment forts, mais l’ouvre en oublie un peu son sujet. A un certain point, on en vient à plus s'intéresser à la relation entre Steve et Kyla qu'à celle que Diane entretient avec son fils. Dommage que le récit ne creuse pas plus dans cette direction.
Pour autant, la mise en scène rattrape sans peine la faiblesse du récit. La construction des plans, les contrastes de couleurs, les jeux de mise au point et la bande-originale : Xavier Dolan est véritablement virtuose, et le format de l'image ne représente pas un challenge pour le réalisateur, bien au contraire. D'ailleurs, les changement de ratio en cours de récit sont particulièrement efficace dans 'Mommy', bien qu'il s'agisse d'un procédé légèrement grossier déjà testé dans 'Tom à la ferme'.
Enfin, 'Mommy' profite de 3 acteurs formidables : Antoine Olivier Pilon est une révélation géniale, Suzanne Clément livre une prestation complexe mais maîtrisée (à l'image de son rôle dans 'Lawrence Anyway') et Anne Dorval est très convaincante.
Un chef d'oeuvre de mise en scène, un peu décevant dans son récit.