Que nous le voulions ou non, Meet the Parents a ce petit quelque chose de culte, et pas seulement parce qu’il précédait (de peu) le XXIème siècle : emblématique du genre, Ben Stiller y affrontait le monumental Robert de Niro, moins coutumier du fait mais parfait dans un rôle à contre-emploi, base d’une comédie potache ayant largement rencontré son public. Au point d’ailleurs de s’être adjoint, entre temps, deux suites rallongeant les festivités.
Mais aux prémices d’une trilogie en devenir, il y eut donc Meet the Parents, ou la première rencontre entre Gaylord « Greg » Furniker et les Byrnes : se prêtant allègrement au petit jeu des oppositions, le long-métrage de Jay Roach est archétypal de l’exercice avec tout ce que cela implique de bon et moins bon, à commencer par un jusqu’au boutisme dénaturant une morale finale propre sur elle. Le spectateur doit également composer avec une constance dans l’inconstance, les gags s’avérant en tout point inégaux, les biens sentis y côtoyant une outrance infantile peu recherchée.
Ce qui n’est guère surprenant au bout du compte, mais il y a de quoi être un tant soit peu déçu : car, initialement, Meet the Parents se voulait prometteur malgré les poncifs, sa distribution calibrée sur mesure augurant des jeux et joutes à même de compenser la légèreté criante du toute. C’est d’ailleurs le cas, si ce n’est que les pontes de la galerie sauvent davantage les meubles qu’ils n’embellissent le tableau, lequel ne nous laissera pas un souvenir mémorable : car par-delà la comédie potache, l’invraisemblance et l’inconséquence entretiennent une superficialité de tous les instants, ancrant le film dans son rôle de divertissement jamais sérieux et peu drolatique.
Un petit quelque chose de culte donc, mais c’est bien tout : la comédie est là mais ne crève pas le plafond, loin s’en faut. Reste la satisfaction de voire De Niro maltraiter son beau-fils, mais gageons que le défouloir demeure sacrément limité… l’absurde, ici gentillet, aurait d’ailleurs pu constituer une porte de sortie en fanfare.