Réalisateur protéiforme, François Ozon revient aux affaires de mœurs avec Mon Crime et son avalanche de seconds rôles particulièrement exquis. Luchini, Dussollier et moult surprises nourrissent ce petit plaisir de cinéma à l’écriture finement ciselée qui rend joyeusement hommage aux films de Lubitsch et de Capra. On y suit les heureuses mésaventures de Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice dans les années 30, sans le sou et sans talent, accusée du meurtre d’un célèbre producteur dont elle est finalement acquittée. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, devenant l’incarnation publique de la révolte des femmes contre ces hommes violents. Ozon injecte toute la dramaturgie qui inonde aujourd'hui les ondes, cette ère Post-Weinstein où les porcs se font griller sur la place publique dans une effusion de débats contradictoires et parfois franchement écœurants. Dans cette mare au diable, Ozon y plonge la tête la première, bien décidé à se jouer de la morale et en faire jaillir une fable audacieuse, populaire et moderne à la fois, comme une friandise hors du temps.