Après trois succès de suite, Pixar décide de s'éparpiller un peu, plusieurs projets naissent en parallèle avec à leur tête l'entourage proche de John Lasseter chez Pixar, qui décide quant à lui de prendre une pause bien méritée. Le premier projet que celui-ci ne supervisera pas, mais cette fois pour de vrai, pas comme pour la catastrophe qu'était Toy Story 2 sans lui. C'est à Pete Docter, qui n'avait jamais officié en tant que réalisateur voire co-réalisateur avant, que sont confiées rênes de ce projet. A ses côtés, Docter sera assisté de Lee Unkrich, déjà co-réalisateur de la production précédente du studio, et de David Silverman, connu pour son travail sur les Simpson. Dans Monstres & Cie, nous suivons Jacques Sullivan et Bob Razowski, deux monstres vivants à Monstropolis qui travaillent dans une entreprise qui transforme les cris des enfants en énergie pour la ville. Inutile de tourner autour du pot plus longtemps, ce film est parmi ceux que j'ai vu le plus de fois de ma vie, aux côtés des deux premiers Jurassic Park et de Jumanji. C'est à la fois un film de jeunesse, mais aussi un de mes films préférés, donc forcément, il ne faut pas vous attendre à beaucoup d'objectivité de ma part pour un film ayant une aussi forte valeur sentimentale. Cela dit, ai-je déjà été objectif dans une critique ?
Au niveau de l'animation c'est encore une fois un excellent travail, alors que le défi à relever était plus que corsé, notamment dans un aspect qui paraît simple quand on voit le film, l'animation de la fourrure de Sulli, énorme casse-tête pour les animateurs de chez Pixar, avec ses quelques 3 millions de poils à rendre crédibles. Le même problème fut constaté pour rendre la neige la plus réaliste possible, un défi technique devant lequel ils n'ont pas fuit, loin de là, et le résultat est saisissant. Esthétiquement on retrouve là aussi la patte Pixar, c'est très coloré, et les environnements comme les personnages sont extrêmement variés, en particulier les personnages qui font étalage de l'énorme créativité des animateurs ainsi que du potentiel du film, c'est toute une ville de monstres originaux qui est étalée devant nos yeux, permettant de nous immerger encore plus dans cette création fabuleuse.
Le duo de personnages principaux n'a rien à envie à celui que forment Woody et Buzz dans les Toy Story, d'ailleurs je dois avouer que je préfère Sulli et Bob, de pas beaucoup, question de nostalgie sans doute. Sulli la terreur d'élite, le meilleur employé de Monstres & Cie, avec sa belle fourure, et Bob, son fidèle acolyte, petit monstre vert à un œil, qui s'occupe plutôt de l'aspect technique du travail de Sulli. Les deux se complètent mieux que n'importe quel autre duo imaginable, grâce à leurs nombreuses différences. Leur quotidien monotone est bouleversé par la petite Bouh, surnom donné par Sulli à la fille, humaine, qui l'a suivi dans le monde des monstres. Ceux qui me connaissent bien savent à quel point je déteste les gamins, que ce soit dans la vie ou à l'écran, mais merde je peux pas la détester, elle est trop mignonne, je dirais même que c'est mon enfant préféré tous films confondus, même dans ma vie tout court, car agaçants les enfants peuvent être dans les films, ce n'est malheureusement rien comparé à la vie de tous les jours, enfoirés de voisins, et je me rends compte que je divague totalement, pardon. Donc rien que pour ça, bravo Pixar !
Au niveau des antagonistes, j'ai toujours éprouvé de la haine pour Leon, sorte d'hybride entre un lézard et un caméléon, dont il possède les facultés de camouflage, mais c'est de la bonne haine, celle recherchée par les créateurs sans aucun doute. Il est détestable, et se fait défoncer par les gentils à la fins, le méchant parfait pour ce genre de film quoi. D'ailleurs à son propos j'avais toujours pensé qu'il avait une ressemblance avec Steve Buscemi, j'ai donc été surpris quand j'ai appris que c'est justement lui qui double le personnage dans la version originale, voilà pour l'anecdote bidon du jour. Le second antagoniste est Waterloose, le patron de Monstres & Cie, bon lui c'est juste un enfoiré de patron capitaliste.
De la même façon que pour Toy Story 2, Pixar mélange à la perfection humour, émotions, action, répliques cultes et tous les autres éléments qui font un bon film. Les personnages secondaires sont moins développés que dans le film précédemment cité, mais tout aussi percutants, le pauvre Georges par exemple qui constamment victime de contagion humaine (23 19!). Car encore une fois, Pixar inverse les rôles, si les monstres effraient les enfants, c'est pour leur travail, et car c'est le seul moyen pour la ville de ne pas tomber en pénurie d'énergie, or la vérité c'est que les monstres craignent les enfants plus que tout, car ils les croient toxiques, ce qui est justement au centre du film avec le personnage de Bouh. Le film n'est pas avare en scènes d'anthologie, ma préférée est sans doute celle de l'arrivée des monstres à leurs poste de travail. Mais il y en a une qui réprésente encore mieux le côté grandiose du film, c'est la séquence de la poursuite à travers les portes, qui nous permet de passer d'un seul coup de Paris à Haïti (ou autre location supposée paradisiaque), en passant par d'autres chambres du monde entier, pour finalement faire un clin d'oeil génial à 1001 Pattes, séquence totalement folle donc mettant à l'honneur une fois de plus le génie créatif du studio. Et je suis obligé de mentionner la fin, qui est juste parfaite, pas besoin de tout nous montrer et nous prendre pour des abrutis, ça paraît simple, mais ne pas montrer Bouh en contrechamp rend la scène encore plus puissante émotionnellement (te sens pas visé Nolan).
Monstres & Cie est encore à ce jour mon Pixar préféré, mon film d'animation préféré, et tout simplement un de mes films préférés tout court, on pleure, on rit, on exulte, on est ébahi par la créativité sans borne et la technique impeccable du studio, ainsi que par le fait que ce film ait vraiment de l'âme. Plus qu'un amour nostalgique, Monstres & Cie est une œuvre intemporelle, quelque soit mon âge, j'aimerai toujours ce film, symbole de l'âge d'or de Pixar.