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And all I can say is, "Goodbye, goodbye, we'll meet again sometimes, somewhere"

Sans être forcément de grands films, les biopics retraçant le parcours de vie d'artistes musicaux ont au moins pour eux le fait de révéler de grandes performances d'acteurs s'appropriant avec brio la personnalité, les gestes, la psychologie de ces derniers et d'être divertissant tout en restant plus ou moins fidèles à leur histoire. Néanmoins, le paysage récent du biopic souffre d'un problème assez flagrant que seul Elvis à réussi à mettre inconsciemment en lumière : l'émotion d'une performance ne peut être procurée que par l'artiste originel.


Moonage Daydream est donc en possession d'un avantage avec son concept par un ancrage dans le registre documentaire, mais également en possession d'une certaine difficulté par son sujet lui-même : David Bowie. Un artiste inclassable, au style musical sans cesse renouvelé et à la personnalité scénique si singulière que le film ne pouvait évidemment pas exclure, dans son introduction, les fameux dire de ce journaliste :

Les questions pleuvent : Qui est-il ? D'où vient-il ? Est-il une créature d'une puissance étrangère ? Dangereux ? Futé ? Idiot ? Gentil fils ? Vrai ou canular ? Fou ? Saint d'esprit ? Homme, femme, robot ? Qui est-ce ?

Et pourtant quelle maîtrise absolument superbe.


Au-delà du documentaire, Brett Morgen plonge surtout le spectateur dans une expérience absolument électrisante et abstraite qui s'abstient de l'utilisation des codes classiques du suivi chronologique d'un parcours de vie afin de laisser la place à l'expression pure des images d'archives mélangées. Le but n'est pas de présenter sa vie, mais plutôt d'appuyer le propos réflexif personnel de l'homme et de l'artiste sur lui-même, sur sa musique, sur sa relation aux différents arts qu'il pratique, sur sa manière de penser la création et donc de penser ce qu'il veut transmettre.

C'est d'ailleurs dans ce parti-pris que réside toute la réussite du film : son honnêteté. En laissant de côté les interférences de l'écriture dialoguée pour les vrais mots, en laissant parler les faits, Morgen libère avec David Bowie une force de parole absolument captivante voire hypnotisante. La fiction laisse la place à la surprise de découvrir les facettes inconnues de ce dernier ; une personne d'une sagesse incroyable, très humble, toujours à la recherche d'innovations et porteur d'une des plus belles volontés qu'un artiste peut avoir : faire de la musique non pas un art réflexif mais un art où les gens sourient simplement en l'écoutant.


À quoi bon ressusciter nos icônes sous les traits d'un acteur quand le réel parle déjà et est suffisamment riche pour en faire une très bonne proposition cinématographique. Moonage Daydream l'a bien compris et rend un hommage à la mémoire d'un génie immortel de la musique de la meilleure des manières : en le faisant parler à nouveau.

Luca-hiersDuCinema
8

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Créée

le 12 avr. 2023

Critique lue 23 fois

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