Moonlight est un film qui surprend.
Il surprend de part son traitement et de ses choix de développement qui en font un film audacieux, loin des clichés et des lourdeurs de genre.
En apparence, on pourrait croire à des airs de déjà vu, avec le parcours de vie d’un jeune garçon noir américain dans un quartier populaire, empreint au trafic de drogue, familialement isolé avec une mère junkie et sous fond d’homophobie, mis à mal par les jeunes du quartier.
Dans un format en trois actes, le réalisateur nous offre un regard sur les peurs de l’enfance, les tourments de l’adolescence et l’affranchissement à l’âge adulte, se focalisant sur l’éveil de la sexualité grandissante, source d’angoisse et de persécutions.
Dans une narration au rythme lent, marquée par une musicalité forte et mélangée ponctuellement à une ambiance lumineuse vive et colorée, ce film nous livre un triple portrait avec vérité, modestie sans clichés ou volonté de forcer grossièrement le trait.
Ce qui ressort, c’est que malheureusement certaines situations restent insoluble. L’ami patriarche de Chiron qui l’aide à grandir et évoluer, est aussi par ironie du sort celui qui vend de la drogue à sa mère, ce qui ne peut arranger la situation. Le seul moyen de s’en sortir est de laisser passer du temps ou plutôt de subir ce temps qui passe et tenter de grandir...
Dans son évolution, grandir a consisté à se forger une carapace infranchissable qui ne lui ressemble pas, à la fois dans ce qu’il est, et dans ce qu’il fait pour gagner sa vie. Il est à contre-courant des autres où justement une fois arrivée adulte, c’est le moment où l’on s’affranchit des dictâtes et donc de sa carapace.
Cette carapace l’a donc enfermée, figée dans ce qu’il est, dans le cours de sa vie, le cloisonnant des peurs et des attaques extérieurs, jusqu’à ce coup de fil heureux signe du destin...
Pour finir, un mot sur cette fin toute en finesse et pudeur, où les masques une fois tombés laissent place aux choses sincères de la vie.