Sous la lumière faiblarde et diffuse de la lune, des gestes à peine perceptibles. A l'abris des regards, voici ce que l'on est. Une seule fois jusqu'à ce que les autres l'acceptent. Jusqu'à ce que leurs avis ne comptent plus. Jusqu'à ce que l'on accepte. Jusqu'à ce que l'on s'accepte.
Little. Chiron. Black. 3 étapes. La construction d'un gamin noir homosexuel dans un ghetto de Miami. Une mère absente toxicomane. Pas de père.
A priori, une machine à rafler un oscar du meilleur film, récompense finalement gagnée et peut être entièrement méritée. Peut être.
Néanmoins, Moonlight est une oeuvre qui mérite le détour car, si l'histoire n'a rien d'exceptionnelle, c'est son déroulement, les choix de scènes fortes du réalisateur Barry Jenkins qui frappent. Avec une pudeur dans les images et dans les réactions de ses personnages phares, on est entraînée dans la vie de cet enfant introverti et intelligent, de cet adolescent moqué et fragmenté pour finalement terminer sur cet adulte contradictoire.
"Il y a un moment dans la vie où il faut choisir qui tu veux être". Cette phrase trouve écho tout au long des deux heures baignées d'une tristesse intériorisée qui contraste avec ce que l'on aurait pu imaginer d'un film avec un tel postulat. Pas de larmoiements, pas d'envolées lyriques. Des faits, rien que des faits, brefs et intenses qui en disent long sur ce qu'il peut se passer à l'intérieur d'un personnage admirablement interprété par 3 acteurs.
Un cinéma épuré, classique mais marqué d'une identité forte.