Aronofsky lance un objet indescriptible dans le paysage cinématographique mondial. Mother! n'est pas un film a aimé ou a détester, c'est un film a vivre et a penser, parce que c'est un film sur la vie elle-même.


Si l'on commence par le plus simple, reconnaissons d'abord que le casting est très bon. Le film offre aux acteurs une palette d'émotions à exprimer vaste, complexe et fatiguante. Javier Bardem l'une des dernière "gueules" du cinéma international est présent par son charisme tout en effaçant sa testostérone naturelle, absolument absente de son personnage. On le trouve détruit, prophétique, froid, aimant. De son côté Jennifer Lawrence est méconnaissable, pleine de douceur, de tendresse mais aussi de rage, d'angoisse, de colère et une fois au coeur du cyclone de ses propres émotions nous garde auprès d'elle tout en s'aliénant totalement.
Si l'on aborde la technique la aussi c'est un tourbillon. D'abord par une palette de couleurs impressionnante renvoyant tantôt au rêve éveillé tantôt au cauchemar dont personne ne se réveille. A l'image de Jennifer Lawrence qui peint sa maison, Aronofsky peint un film au couleurs sombre saturé et au couleurs vivent effacée mais douces.
Ensuite, là où Noah avait réussit a compilé la plus part des effets les plus "mainstream" d'Aronoksy, ici Mother! fait l'inverse, revenant a une période plus proche de Pi sans pour autant balayer tout ce qu'Aronofsky a construit dans son cinéma ces dernières années.
Le réalisateur donne une véritable leçon dans la construction d'atmosphère, où il nous émerge en quelques minutes avant de tout balayer encore et encore. Le spectateur suit constamment Jennifer Lawrence, centrée, a hauteur d'épaule en gros plan. La focale courte permet de créer un cadre anxiogène dans ce huit clos cauchemardesque. Directement hérité de Pi, cette focale est couplée à l'utilisation d'une pellicule 16mm au grain très prononcé, renforçant l'aspect claustrophobique.


Mais là où Aronofsky brille, c'est dans la construction de son récit et sa traduction à l'image. Le réalisateur gère le rythme du long-métrage d'une manière impressionnante. Au travers de son montage, de ses mouvements de caméra et de sa mise en scène.
Le long-métrage dure à peine 2h mais prend le temps de traiter un nombre incalculable de sujet (on le verra par la suite) et offre un panel d'émotion vaste et chargé sans jamais pour autant être trop rapide ou trop pressant. Cela grâce à une manipulation de la caméra maîtrisé. Elle se ballade dans la maison, suivant Jennifer Lawrence, la perdant, la retrouvant, la caméra panique, cherche, se questionne, elle pourrait être un personnage a part entière. Tel un fantôme d'un cycle précédent (on le verra) se penchant sur l'épaule de Jennifer Lawrence, assistant impuissant à la chute du personnage qui descend les étages de sa propre maison, pour tomber de plus en plus bas, de plus en plus loin du paradis, de plus en plus proche de l'enfer.

L'mage de cette caméra est foncièrement organique et ne nous épargne rien. La scène où Jennifer Lawrence se fait par exemple lyncher par la foule et horriblement percutante, rythmé et nous fait nous recroquevillé de douleur et d'horreur sur notre siège. Tout cela est accentué par un traitement sonore tout aussi physique qui se concentre sur les bruits des corps, des matières et des textures, nous implantant une nouvelle fois dans un onirisme voluptueux ou un cauchemar infernal. Une mention pour la musique de Johan Johannson, qui bien que non mémorable vient relever l'angoisse et le côté inquiétant du film.


La partie la plus charnu et où le débat fait rage est "OH MON DIEU MAIS KESKE SA VEUT DIRE CE FILM????". Comme si un film avec une narration construite n'avait de légitimité que dans son message. Le film est bourré de couches de lectures et d'interprétation totalement différentes les unes des autres, tout simplement parce que ce film parle de la vie elle-même. Il montre toutes les émotions par lequel un humain peut passer, tout les rapports sociaux de l'amour à la haine en passant par la menace, le danger, la générosité. Le film parle de l'expérience terrestre humaine comme Aronofsky avait pu le faire dans the Foutain, mais cette fois-ci de manière bien plus poussées.
Biensur, Aronofsky oblige, il y a une très importante lecture biblique, Barden se posant comme un Dieu chassant Adam (Ed Harris) et Eve (Michel Pfeiffer) de l'Eden créateur qu'est son bureau pour avoir touché a ce qui été défendu. Jennifer Lawrence se posant comme cette lumière créatrice le saint esprit. Les frères se tuant pour l'amour de leurs père, les vices présent dans l'humanité.
Tout cela étant mis en parallèle avec cette perte de créativité de l'artiste et son impuissance a donner un enfant a sa femme. Les deux création de la vie mais aussi de la culture. La création, la célébrité et tout ce que cela implique dans la perte de l'autre..
Mother! le titre fait référence aussi a la Terre mère qui voit l'humanité devenir folle, érigeant la culture (comprendre ici "ce qui n'est pas naturel") l'artefact au rang de culte et qui pour pouvoir produire ses artefacts vampirise l'énergie de la Terre qui lui donne de tout coeur avant que son coeur même ne meurt et ne soit asséché.
Il y a aussi biensur toute la dimenseion des rapports amoureux, mais aussi des questionnements sur le fanatisme religieux, les guerres sensées le contré mais qui n'épargne jamais les innocents. Le film pose aussi un regard sur l'état chaotique du monde, ces manifestation internationales, ces révoltes grondantes et comment peut élever un enfant dans ce monde qui le mangera tout cru?
Le film est cyclique est porte un regard cynique sur ces phénomènes puisque l'on comme a la fin des cycles pour voir apparaître un nouveau, tout comme on assiste à la fin d'un de ces mêmes cycles. Comme si tout était inéluctable pour renforcer non pas l'impuissance de l'Homme mais bien son incapacité à changer sa nature profonde, une réflexion qu'Aronofksy avait déjà effleuré dans Noah.


La liste pourrait d'épaissir tant chacun peut, je pense, y apporter sa propre réflexion. Toujours est-il qu'Aronofsky a eu le cran a la dimension international de sortir un film non pas pour que les gens l'aime, mais pour que les spectateurs se posent des questions. Et n'est-ce pas là le but de l'art au final? Doit on "aimer" une oeuvre d'art ou juste apprécié le fait qu'elle résonne en nous et nous fait nous poser des questions ? Dans un paysage cinématographique hollywoodien dont tout les critiques se plaignent de n'avoir que des navets, des reboot, ou des films stupides, ne serait-ce pas de l'hypocrisie que d'haïr, comme le font certain critique, un film pour sa complexité et sa volonté de questionnement ? Lorsque je vois certains torchons ponduent par des sois disant critiques professionnelles (oui c'est vous que je regarde le masque et la plûme vous qui osez réduire votre avis artistique a un "c'est de la merde".) je me demande si le problème ne vient pas au final de ceux qui ne font pas de film, plutôt que de ceux qui en font.


On pourrait croire que ce film ne nous offre qu'a réfléchir tant il est complexe à ce niveau, pourtant il nous permet aussi d'experiencer des émotions, mais aussi des genres cinématographique tellement il croise d'élément de plusieurs genres (comédie romantique, film dhorreur, film gore, thriller, fantastique etc.). Que l'on n'aime ou que l'on aime pas il faut avouer deux choses: Aronofsky, qui voulait que le film interroge a réussit son coup;
C'est assurement une expérience cinématographique que l'on ne trouvera nul part ailleurs.
Ou alors j'ai juste rien comprit... Attend Mother! C'est bien le film avec Tom Hiddleston et les fantomes là?


PS: Déso pour lé phote daurteaugraf.

planktoon
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le 24 sept. 2017

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