Huit clos complètement fou furieux, qui nous plonge dans l'antre de la folie. La folie créatrice, le fanatisme, la révolte, la cruauté humaine ...
Oui il est évident que "Mother !" possède plusieurs interprétations, car de nombreuses clés émergent et font virevolter le récit dans un trip divin, artistique et sur la mère nature. Mais gardons les interprétations pour plus tard.
Après "Requiem for a Dream", "Black Swan" ou "The Wrestler", Darren aime faire souffrir ses personnages en les plaçant dans une sorte d'entre deux monde où se côtoient folie et réalité de la vie. Une manière bien à lui de faire de ses personnages des pantins modulables recevant les maux de la terre. Et à chaque fois les interprètes nous pondent une belle performance, J-Law est saisissante, Bardem un peu à la traîne (personnage un peu trop absent à mon goût). Des plans très serrés qui pousse l'atmosphère oppressante de la maison hors de l'écran, des gros plans qui captent avec brio l'incompréhension et la terreur de J-Law, une caméra portée immersive qui nous donnerait presque le tournis. Bref on est mal à l'aise et l'expérience est réussit. Question rythme du récit, au début c'est long et chiant, mais cela confère par la suite une montée progressive qui atteint son paroxysme à la fin, j'usqu'à l'explosion finale !
(SPOIL)
Mais ce qui rend aussi le film intéressant, ben c'est sa complexité ! C'est cool de ne pas être seulement passif devant un film. Agrémenter de nombreuse métaphores divines avec par exemple cette ouvrage biblique écrit par le personnage de Bardem, qui est vénéré par des fidèles qui arrivent en masse. Le personnage de J-Law enceinte en une nuit (l'opération du Saint Esprit ?) qui lui donne ses traits de Madone. L'enfant sacrifié pour partager sa foi ("ceci est mon corps, ceci est mon sang"). Blablabla ...
La mère nature ? Une connexion forte entre J-Law et la maison dont elle ressent les battements du coeur au fur et à mesure qu'elle se meurt. Maison enracinée dans la terre comme un arbre de vie. Un parquet qui saigne ... métaphore du sexe féminin et Annonciation de la future mort du bébé ? ... Ou de sa propre mort (J-Law) ... Bref, le bois vit !
Ou bien (l'interprétation que je privilégie) : la maison c'est la création, l'esprit du poète, sa Mnémosyne. J-Law c'est sa muse, qu'il séquestre, qu'il vénère, qu'il torture, qu'il modélise. Son bébé et son ouvrage, sont sa réussite, ce qui vient de lui, ce qu'il a conçut. Mais une fois atteinte il faut effacer pour tout recommencer. Bah oui, vous allez jamais écrire deux fois la même histoire sauf si vous êtes fan de "Star Wars" et que vous vous appelez J.J. Abrams ... Rien de tout ça n'existe, tout n'est que le produit du subconscient artistique d'un poète, d'un écrivain, d'un ... artiste ! C'est tout le bordel qu'il est présent dans la tête de Darren ... Ainsi il cherche à matérialiser ses démons, sa quête de réussite, mais sa crainte de faillir, préméditant ainsi les réactions suscitées lors de la sortie du film.
Ok Darren (j'ai lu ça sur le site de "Première") parle de "mère nourricière", de la terre ... mais lui seul à la bonne réponse