Après avoir réussi une entrée en force dans le paysage morose du polar français contemporain, avec deux premiers films remarquables ("Gangsters" puis "36, Quai des orfèvres"), Olivier Marchal se rate un peu sur sa troisième tentative.
"MR 73" est sans conteste le film le plus violent et surtout le plus sombre de l'ancien policier, qui souhaite à tout prix faire passer à l'écran le mal-être existant chez un certain nombre de flics.
Hélas, trop de situations apparaissent ostensiblement tragiques, la douleur est présente de façon si outrancière que cela devient contre-productif, d'autant que certaines maladresses viennent rappeler inopinément la dimension un brin artificielle de toute cette noirceur.
Ainsi, certaines répliques grandiloquentes sonnent vraiment too much.
On regrettera aussi un certaine mollesse générale, relative à la tonalité volontiers contemplative de "MR 73", en particulier durant sa première heure.
Le rythme s'accélère dans la seconde partie, mais certains points de l'enquête demeurent confus, tandis que le dénouement se révèle convenu (avec le sempiternel cycle de la vie et de la mort).
Dommage car le scénario s'avère assez accrocheur, en particulier l'arc narratif consacré au serial killer en fin de peine (incarné par l'excellent Philippe Nahon).
De même, le film possède une certaine tenue sur le plan formel, bénéficiant d'une photo sombre et élégante qui contribue à installer une ambiance désenchantée.
Côté interprétation, Daniel Auteuil se montre à son avantage dans ce rôle très intense, pour lequel l'acteur semble s'être beaucoup investi.
On retrouve en outre plusieurs seconds rôles habituels du cinéma d'Olivier Marchal, tels que Guy Lecluyse, Francis Renaud ou encore sa propre épouse Catherine Marchal.
Au final, "MR 73" n'est donc pas une franche réussite, mais reste un polar français correct, qui devrait combler les amateurs d'atmosphères sombres et poisseuses, malgré une ambition initiale sans doute trop élevée pour Olivier Marchal.
PS : Dans un registre nettement plus anecdotique, un détail incongru m'a fait sortir de l'histoire à plusieurs reprises : la coupe de cheveux totalement improbable d'Olivia Bonamy...
On aurait dit que la pauvre avait perdu un pari avec des copines!