Of the people, by the people, for the people
Il y a des films qui m'ont touché, d'autres qui m'ont laissé neutre, ou encore qui m'ont diverti plus que tout. Et puis il y a les films qui transcendent, comme Mr. Smith au sénat.
Je ne pense pas devoir revenir sur l'universalisme du film, ni sur le style génial de Frank Capra qui réussit à mêler tragédie, comédie, rigueur et légèreté avec beaucoup de succès.
Restons plutôt sur l'histoire et son déroulement, prévisible mais très entretenant (moi qui redoutais les 2h, je ne les ai pas vues passer).
La politique aux États-Unis est assez particulière, et je dois avouer qu'elle me plaît davantage aux autres. Pour ne rester que sur le plan artistique, cette scène du filibustering est une vraie mise en scène de théâtre, faisant du débat des Sénateurs une chose fascinante.
Cela dit, ce film est aussi un grand vendeur du rêve américain, que j'avoue acheter de plein gré. Mais revenons sur les personnages.
Jeff Smith, abruti naïf ne connaît rien à la politique, et pourtant il représente la population mieux que personne. Avec ses idéaux de liberté, de possibilités et ses rêves utopiques propres à un jeune adulte entré dans le monde des "grands", il arrive à Washington, ville éblouissante pour un gars comme lui. Ces monuments, en particulier le Lincoln Memorial sont tout ce qu'il connaît et ce en quoi il croit; ce en quoi l'appareil politique devait peut être croire.
Et pourtant, celui-ci est pris dans l'engrenage éternel de l'influence et de la corruption. Ce ne sont pas les fins de personnages archétypes comme Jim Taylor qui m'interrogent ici, mais plutôt ce mécanisme: les individus ne se demandent plus pourquoi ils font des escroqueries, c'est devenu le mode de survie que la majorité adopte.
En face, il y a Smith. Les désillusionnés, les gens qui croient farouchement qu'ils peuvent changer les choses. C'est là que je ferais un reproche au film, c'est que la fin est trop optimiste, et au final il ne s'agit que d'une caricature.
Mais la puissance par laquelle celle-ci se dessine, la figure messianique d'un James Stewart parfait, soutenu par une Jean Arthur splendide, qui voient en face - au-delà du méchant de base J. Taylor - un sénateur qui finit par racheter ses pêchés m'ont convaincu. Capra choisit la voie optimiste, où les crédules, ingénus, abrutis l'emportent sur les méchants expérimentés et coriaces. David l'emporte sur Goliath, parce qu'il est nu, maigre et sincère, donc incorruptible.
Dans ma lâcheté, je ne peux que me mettre du côté du gagnant.