Les occasions du lion
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Mufasa : Le Roi Lion, réalisé par Barry Jenkins et sorti en 2024, se présente comme une antésuite au remake Le Roi Lion de 2019. Ce préquel nous plonge dans l’histoire de Mufasa, racontée par Rafiki à la fille de Simba et Nala, retraçant l'ascension du légendaire Roi sur la Terre des Lions. À travers ce voyage, le film entend explorer les origines du personnage iconique tout en élargissant l'univers de la savane.
Comme pour son prédécesseur de 2019, ce film, bien que présenté comme un live-action, n’en est tout simplement pas un. Tous les personnages sont animés sur des décors captés, ce qui renvoie l’œuvre au genre du film hybride, bien plus qu’à celui des prises de vue réelles.
D’un point de vue technique, Mufasa : Le Roi Lion est visuellement impressionnant. L'animation photoréaliste parvient à insuffler une légère étincelle de vie aux personnages, notamment dans les scènes d’action. Les placements de caméra dynamiques renforcent l’impact visuel de certaines séquences. Les décors bénéficient également d'une belle variété, grâce à un cadre spatial qui s’étend au-delà des lieux emblématiques du film original.
Inutile de tortiller, sur tous les autres aspects le film s'effondre. Le scénario est d’une pauvreté sidérante, n’étant qu’un vulgaire copié-collé déguisé de l’histoire du film original. Le schéma narratif ne présente aucune surprise, et les rares tentatives de rebondissements sont risibles. Le fan service lourd et envahissant, ponctué de clins d’œil forcés, finit par miner toute immersion. Les personnages, quant à eux, manquent cruellement de profondeur et d’émotion.
Les crises émotionnelles sont édulcorées, et le film rate de nombreuses occasions d’intensifier le drame. L’exemple le plus frappant est la scène où Mufasa tue un lion. Cet acte, d’une importance capitale pour un personnage qui incarne la philosophie du cercle de la vie, est relégué au second plan. Ce passage aurait pu être l’occasion d’explorer les dilemmes moraux du personnage ou de créer une tension dramatique mémorable. Au lieu de cela, l’événement est survolé, comme si le film n’osait pas confronter ses propres implications. Cette superficialité empêche toute véritable connexion émotionnelle. L’émotion, pilier du Roi Lion originel, est malmenée. Tout est lisse, prévisible et dépourvu de souffle épique. L’humour, quant à lui, est d’une banalité consternante. Les interventions forcées de Timon et Pumba, réduits à des caricatures de leur propre rôle, deviennent irritantes, tout comme Zazu, qui est littéralement insupportable. L’affrontement final, qui se voulait une guerre épique marquante, s’avère être une déconvenue monumentale.
Les incohérences avec les films des années 90 sont légion, et les libertés prises avec le canon narratif sont difficilement justifiables. En fin de compte, ce préquel nous fait presque regretter les suites vidéo produites à l'époque par les DisneyToon Studios, pourtant critiquées pour leur facilités et leurs mauvaises qualités.
La bande originale est une autre déception. Recyclant des thèmes musicaux emblématiques sans élégance ni variation, elle échoue à insuffler de la nouveauté. Les chansons originales chantées, quant à elles, sont totalement génériques et dénuées de charme. Ce qui aurait pu être une opportunité de réinventer l’univers musical de la savane se transforme en une succession de morceaux insipides.
Mufasa : Le Roi Lion est l’illustration parfaite des dérives artistiques actuelles de Disney. Cette petite catastrophe, produite à des fins clairement mercantiles, manque d’âme, de vision et de respect pour l’héritage du Roi Lion. Le résultat final est déplorable, à tel point qu'il nous rappelle que même les suites vidéo de la firme avaient parfois plus d’intégrité créative. Le contraste entre les critiques favorables du public et l’accueil glacial de la presse est troublant, soulevant une question : avons-nous rabaissé nos attentes au point de trouver satisfaisant un produit aussi peu inspiré ?
Il est profondément regrettable qu’une telle prouesse technique soit mise au service d’une histoire aussi décevante. Ce film représente un gigantesque gaspillage de talents et de moyens, un exemple triste de ce que devient une industrie obsédée par la rentabilité plutôt que par la création, dans la traduction la plus noble du terme.
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