Voilà le contexte: j’avais accepté «d’aller au ciné» sans demander le titre du film — vu l’offre ici pour ceux qui ne comprennent pas la langue, ça se conçoit. Mais ce film-ci, dont j’avais vu trop souvent la bande-annonce dans un festival, je me souviens parfaitement m’être dit que je n’aurais PAS envie de le voir!


Or donc, le Chalamet est impressionnant dans son rôle. Le film est bien agencé: les flashbacks s’intercalent bien, je dirais même joliment. La baraque de la famille, rhaaaa, je veux la même (ben si ça compte pour un film). Le choix des musiques est génial, génial.


Le problème alors ? Le problème c’est qu’on s’en fout pas mal, en fait, de l’addiction du fils. Et par «on» je réalise que je ne veux pas dire uniquement moi en tant que spectateur qui n’avais pas envie de voir le film, mais les spectateurs: le scénario empêche l’empathie.


Peut-être parce qu’il cherche à éviter le pathos. Ben oui mais paradoxe, tu choisis un sujet ultra tire-larme et tu en traites sans nous tirer de larmes, faut choisir ton camp camarade (c’est de la mauvaise foi, cet argument?)


Peut-être aussi parce malgré son soin la réalisation ne prend pas assez son temps pour s’arrêter sur des scènes, des visages, des situations, ce qui nous empêche de nous imprégner du drame. À vouloir caler beaucoup d’épisodes dans son film, mais en les traitant rapidement, camarade, peut-être même pour ne pas que ton spectateur s’ennuie, tu nous maintiens en fin de compte à distance.


! Mise à jour le 15 déc: j'ai fini par réaliser qu’en plus, la relation soit-disant très forte entre le père et le fils, eh ben… on nous la montre («je pensais qu’on avait une meilleure relation que la plupart des pères-enfants, Nic») mais on ne la ressent pas. Pour la même raison, les scènes sont trop rapides. Or comme l’histoire est majoritairement vue depuis les yeux du père, l’empathie ne marche pas…


Mais quand même cette maison est DINgue.

Bestiol
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le 14 déc. 2018

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