S'il faut reconnaître la magie qu'a Wong Kar-wai pour embrasser ses comédiens et les magnifier, et surtout pour capter ce qui se construit en silence entre deux êtres qui s'aiment (avec un vrai talent pour la gestion des silences), on reprochera bien plus facilement à ce My Blueberry Nights son allure de comédie romantique rose bonbon à l'américaine, servie par un casting all star à contre emploi, souvent naïve et adolescente, construite sur du vide qu'une esthétique (certes colorée et chiadée) prétentieuse vient desservir.
Ainsi un sentiment étrange de décalage se ressent face à l'inadéquation entre la forme et le fond, faisant du film autant un errance amoureuse, urbaine et nocturne délicate aux prétentions auteurisantes qu'une comédie romantique lambda qui jamais ne parvient à justifier ses choix artistiques, malgré des interprétations touchantes.
L'Amérique, tout amoureux qu'il est de son New-York hivernal ou de son Las Vegas désertique, ne va peut-être pas si bien à Wong Kar-wai .