Ahhh la campagne anglaise, avec ses moutons et ses vertes étendues où il ne fait pas bon de longer les falaises. Ses prés de jacinthes bleues et ses grands domaines. Ses demeures où résonne toujours un bon vieux pianoforte … Bref, tout un tableau que l’on pourrait ici apprécier à sa juste valeur, surtout agrémenté du portrait de Rachel Weisz, si lumineuse et énigmatique… J’avoue, le naturalisme anglais et ses décors victoriens, c’est ma tasse de thé, j’en boirais des tonneaux, jusqu’à m’rouler par terre, dans tous les caniveaux. Mais pour le coup, bien que Rachel soit toujours aussi talentueuse et Sam Claflin presque viril, j’ai trouvé un arrière-goût fadasse à cette fresque pseudo-romanesque, ou devrais-je dire cette pseudo-fresque gothique. Entre tension, mystère, jalousie et soupçons, la recette était simple. Un petit nuage de lait ou une rondelle de citron, et c’était parfait. Mais on nous sert un pudding gélatineux mi cuit. Le jeu de Claflin est étouffé par la présence de Weisz. En conséquence, on s’ennuie ferme malgré les belles chevauchées dans la lande qu’on nous propose. La réalisation est plus monotone qu’une pluie anglaise, et pourtant à la photographie soignée. Plutôt que d’approfondir certains aspects du récit (vie du domaine trop peu dépeinte, à l’inverse du bien meilleur Far From de Madding Crowd de Vinterberg ; relations avec les Kendall etc…) la réalisation est plate, ne faisant intervenir aucun rythme malgré la relation tourmentée des cousins. Rachel impose certes une décharge de par sa personnalité versatile mais l’habit ne fait vraiment pas le moine. Les tenues austères et peu flatteuses de la cousine ne trompent pas le spectateur. La réalisation nous amène tout droit à comprendre que la veuve derrière ses grands sourires cache un secret pas très catholique… ou anglican. Le doute n’habite personne d’autre qu’Ashley (des doutes bien tardifs d’ailleurs). Aucune surprise ! Même si les émotions entre les deux personnages sont tout à fait crédibles, le reste est tellement inconsistant que le film plonge tout droit de la falaise vers les fosses abyssales où reposent les pellicules de Dérapages Incontrôlés ou Week-End Royal. Les autres critiques auront déjà largement déblayé le terrain. My Cousin Rachel est un film intriguant mais dont on devine l’aboutissement à la moitié de la projection. Dommage. A ce moment-là, je double la dose de thé pour rester éveillée et j’ouvre la première page du roman de Du Maurier.