Ceux qui sont récemment tombés sur mes dernières critiques doivent se dire que je ne compte plus mes 1/10 en ce moment ! C’est vrai qu’un tel déluge est assez inhabituel chez moi mais je dois bien avouer que ce "My Name is Khan" a quand même mis le niveau très haut (...ou très bas, c’est selon). On en rirait presque si Karan Johar ne se prenait pas autant au sérieux. Autant pour une grosse bluette à l’ancienne je m’acclimate bien de l’emphase bollywoodienne, autant quand on range les saris et les danses enivrantes, la régurgitation n’est pas loin. Tout est tellement surligné au stabylo fluo radioactif qu’on en manquerait presque de devenir aveugle. C’est qu’en plus, ce film parvient l’incroyable exploit de surenchérir à chaque fois. Déjà, à la base, Shah Rukh Khan est absolument pathétique dans son sur-jeu tout en « subtilité » d’un autiste Asperger (Kajol dans son rôle de Miss L’Oreal vraiment trop gentille et ouverte d’esprit mérite à ce titre le même qualificatif), quant à l’intrigue, elle est un incroyable ramassis de caricatures comme personne n’ose plus en faire depuis longtemps, auxquelles s’additionnent même des scènes d’une naïveté qui relèverait presque du fantastique tellement elles sont peu crédibles. Mais on n’est pourtant pas au bout de nos surprises ! Passé l’entracte, nous voilà en pleine Amérique post-11 septembre où les pauvres musulmans subissent les pires des préjugés. Et alors là on tient le pompon : tout est tellement traité avec emphase, surlignage, mais – pire que tout – avec toute la gélatine visuelle qui entoure les productions commerciales de Bollywood, que même un lynchage devient source de rires ; même des scènes d’atteinte à la dignité humaine apportent des soupirs d’exaspération... Alors bon, même si l’ami Johar a raccourci son délit (2h40 tout de même) et s’est affranchi des danses et chansons, son intégration au cinéma occidental est loin d’être venue, très loin...