Mysterious Skin par klauskinski
Mysterious skin dépeint comment deux ados vont faire face à un même traumatisme initial : alors que l'un choisit l'autodestruction, l'autre opte pour la falsification de la mémoire ; ces deux trajectoires émotionnelles totalement opposées visent à affronter le souvenir enfoui de l'enfance bafouée. La pédophilie n'est pour autant pas le sujet du film, comme en atteste l'absence de point de vue moral. Mysterious skin fait plutôt penser à un cri de rage, cauchemar étoilé dans le monde de l'adolescence, ovni sidérant de beauté et bouleversant de sensibilité. Là où un Larry Clark ne s'occupe que des corps et un Van Sant se perd parfois par excès d'abstraction, la mise en scène poétique d'Araki, en maintenant constamment un fragile équilibre entre séquences réalistes –qui ne nous épargnent rien des pathétiques péripéties de ses héros sans pour autant tomber dans le voyeurisme- et oniriques, impressionne par sa manière de faire surgir la grâce de petites vies sordides et cabossées, qu'il fixe ainsi dans l'éternité cinématographique.
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