Mysterious Skin est un film profondément dérangeant, que j'ai vu en suivant la note de mes éclaireurs et parce que l’histoire se déroulait dans l'enfance et l’adolescence, périodes que j’affectionne particulièrement au cinéma. Je dois préciser que je n'avais pas lu le synopsis et j'ignorais donc tout du thème central : la pédophilie.
Le premier quart d'heure a tellement dérangé mon chéri qu'il est allé se coucher disant qu'il refusait de voir "tant de saloperies". Moi, j'ai insisté, me disant que quand même , ça ne pouvait pas être l’apologie de la pédophilie, sinon mes éclaireurs ne l'auraient pas autant apprécié ...
Je dois dire que j'ai bien fait d'être restée devant l'écran, car quelle claque !
Ce n'est pas tant la façon de filmer qui m'a plu, mais l'interprétation du jeune Chase Ellison qui joue le rôle de Neil à huit ans, et de celle de Joseph Gordon-Leviit qui incarne Neill à la fin de l'adolescence.
Le jeune Chase Ellison est tellement beau, avec ses yeux bleus azur et sa chevelure brune brillante. Il incarne à la perfection ce petit garçon éveillé précocement à la sexualité, à cause d'une mère volage qui ne lui cache rien de ses aventures sexuelles ? Il va vite tomber dans les filets de son prof de base-ball qui l'attirera dans ses jeux pédophiles, qui auront des conséquences fortes sur la vie de ce jeune garçon devenu jeune homme.
Je pense que le plus dérangeant sans doute dans l'histoire, est que le petit garçon tombe amoureux de l'adulte pervers et se prend même au jeu d'attirer d'autres proies pour lui. Cette ambiguïté des sentiments d'un enfant dérange fortement les adultes que nous sommes. Mais il faut réfléchir au fait que c'est l'adulte qui manipule et que cette manipulation crée ce genre de sentiments chez l'enfant, qui ne contrôle plus rien, qui est dépassé par ses propres émotions. Ces dernières peuvent même le rendre violent (cf ce qu'il inflige à Brian lors de la fameuse nuit).
La suite du film nous confirmera d'ailleurs que l'évolution de Neil passe hélas par la prostitution, comme s'il cherchait à revivre sans cesse les scènes traumatiques se son enfance, et aussi par le fait vibrant que Neil ne peut aimer personne, comme s'il cherchait à se protéger de ses propres sentiments.
L'intérêt du scénario est de comparer deux destins parallèles, entre deux enfants qui ont été la proie du même agresseur sexuel. Neil, on l'a vu, se noie dans la prostitution. Brian, quant à lui, est persuadé d'avoir été enlevé par les extra-terrestres, niant par la même ce qu'il a vécu, par ce qu'on appelle en psychologie, une amnésie post-traumatique.
Les conséquences sont donc à mon avis, aussi néfastes à l'un qu'à l'autre.
Un regain d'espoir arrive avec la scène finale qui voit se retrouver nos deux protagonistes, dans un certain moment de complicité, à travers la souffrance de la réminiscence de tels moments.
Passons à l'étude de la mise en scène à présent : je ne l'ai pas trouvé insistante et les scènes sont suggérées donc pas de perversité malsaine, contrairement à ce que j'ai pu lire dans certaines critiques. Je reconnais néanmoins quelques faiblesses : les personnages secondaires sont sous-traités à mon avis : le personnage d'Avalyn disparaît complètement au bout de vingt minutes et aurait pu être davantage creusé, ainsi que ceux de Wendy et des parents de Neil et Brian.
La façon de filmer n'est guère originale. L'interprétation de Brady Corbet est un peu faiblarde.
Malgré ces maladresses, je conseille néanmoins ce film coup de poing, car je le juge indispensable sur ce thème trop peu traité au cinéma qu'est la pédophilie.