Dans la famille des Jarmush, je demande la ville de Memphis.
Juste après La Nouvelle-Orléans (Down by law) et avant l'exploration de Los Angeles et New York (Night on earth), le réalisateur explore les villes américaines (il nous emmènera dans bien d'autres lieux plus tard).
Il réalise dans ce film des portraits de personnages attachants :
- des touristes japonais,
- une veuve italienne qui rencontre une "pipelette à l'abandon",
- un trio de "loosers alcooliques".
Les destins s'entremêlent.
Et au fil de ces 3 histoires, l'absurdité et/ou la démence de la vie sur Terre apparait.
C'est aussi l'architecture des villes américaines qui tombent en ruine qui transparait :
- nocturne autour d'un cinéma (ici),
- vue de taxis (Night on earth),
- en roadtrip (Broken Flowers),
- vue d'un bus (Paterson).
Autre fil rouge de la cinématographie de Jim Jarmush : la musique.
A l'image de films (pour ne citer qu'eux) tels que Only Lovers Left Alive (qui la met en scène) ou encore Ghost Dog et Broken Flowers dans lesquels le son transcende l'ambiance.
Ici, Elvis est omniprésent (ses portraits, les studios d'enregistrement, le nom du film...)
Mais on y retrouve aussi un vibrant hommage au blues du Sud des Etats Unis.En témoigne la présence de Screamin' Jay Hawkins lors de virgules intervenant lors des 3 histoires.
Au bout du compte, les anti-héros du Mystery train sont un peu moins sympathiques que dans d'autres œuvres du réalisateur.
Ils n'en demeurent pas moins cruellement humains et donc à notre image, fragiles.
C'est ce qui rend le film attachant :
- la fragilité de notre sort qui est sans cesse en balance,
- l'ambiance d'errance, mi inquiétante, mi cocooning.