Au vu de la belle moyenne de 7 chez mes éclaireurs, gens de bon goût me semble-t-il, je suis passée à côté de ce film.
Attirée par le titre, poétique, cette Naissance des Pieuvres m'aura pourtant laissée froide. Il y a malgré tout des fulgurances, des vérités, dans ce long-métrage. Le malaise d'Anne dans les vestiaires, la confession de Floriane sur ce qu'est véritablement sa sexualité, la fascination que Floriane exerce sur Marie... Oui mais.
Mais il y a à mes yeux beaucoup plus de choses qui sonnent faux. Pragmatiquement d'abord, ces jeunes filles ont quinze ans, et qu'on ne nous montre pas leurs parents pour nous les livrer telles qu'elles, soit, mais Marie semble n'avoir de maison qu'en journée, ne dort que chez ses amies, pourtant si elle a un passage au fond de son jardin, il y a donc quelqu'un dont il faut se cacher, qui ne se préoccupe pas beaucoup visiblement de savoir où est la jeune fille. Ensuite, tout comme Bande de Filles, j'ai l'impression de voir un enchaînement de clichés : la jeune fille à peine pubère fascinée par la femme, la "salope" ; l'adolescente mal dans sa peau qui ne se pose pas de questions quand un mec qui lui plait change d'attitude avec elle du tout au tout ; celle qui veut paraitre à l'aise avec sa sexualité, se retrouve piégée par l'image qu'elle donne d'elle même, et utilise la seule fille qui veut bien s'approcher d'elle comme un pion ; l'eau comme symbole de la sexualité....
Il y a aussi quelques scènes qui me paraissent risibles en plus d'être pour moi à des années lumière de l'adolescence. Quand Marie et Anne se "disputent" dans un fast food, elles se disent des choses horribles, sans drame, platement, sans larmes, sans cri. Comme si l'adolescence n'était pas l'âge des excès. Et pour ne rien arranger, son complexe étant pointé du doigt par son "amie", Marie ressent un besoin urgent...d'enterrer son soutien gorge?!? Hein?! Pourquoi?!
Et si encore il n'y avait que ça pour m'avoir ennuyé, mais je m'attendais, au vu du sujet, à me sentir mal à l'aise en même temps qu'elles, à sentir de la tension avec elles, à sentir quelque chose, à vrai dire, mais non, rien. Toujours comme avec Bande de Filles, moi qui, fille et ayant grandi dans une banlieue, pensait pouvoir me sentir concernée par le cinéma de Sciamma me dit encore une fois qu'elle n'a pas dû vivre l'adolescence comme moi. Tant pis pour moi.
P.s : je note que, si quelques unes de mes éclaireuses ont donné de bonnes notes à ce film, seules des filles ont noté moins que la moyenne. Coïncidence?