Nana
6.3
Nana

Film de Christian-Jaque (1955)

Un film typique de la qualité française, qui sera tant critiquée quelques années plus tard par les jeunes turcs de la Nouvelle Vague : une adaptation littéraire, un réalisateur âgé et (considéré comme) académique, des vedettes au générique, un tournage en studios, et un gros budget visible à l'écran (décors, costumes...)


A cet égard, la première heure se révèle franchement plaisante : on goûte à ce faste, à cette profusion de couleurs (même si le procédé Eastmancolor offre des tons parfois étranges), à la musique de George Van Parys, aux numéros des comédiens, ainsi qu'aux dialogues enlevés d'Henri Jeanson.


Mais on se rend compte dans la seconde partie des limites d'une œuvre qui se concentre essentiellement sur les questions sentimentales, laissant au second plan l'aspect social, et limitant le contexte politique à quelques scènes vites expédiées...
On n'aura pas appris grand chose sur le Second Empire, ni sur la manière dont vit la société française durant cette période, hormis lors de quelques vignettes convenues.
On a parfois l'impression à la longue de contempler des décors de carton-pâte et des costumes d'opérette - ce qui ne remet pas en cause le travail des techniciens concernés.


"Nana " a tout de même le mérite de mettre en évidence le phénomène des cocottes (ou demi-mondaines), ces femmes de petite vertu qui accèdent à un statut social dans la société parisienne de la fin du XIXème siècle, grâce à leurs riches amants et à leurs fréquentations prestigieuses.
C'était bien le minimum à attendre d'une adaptation, puisque cet aspect est au centre du livre de Zola, mais la petite ruche du théâtre des Variétés est reproduite à l'écran de manière vraiment convaincante (avec un Paul Frankeur tout à fait remarquable dans le rôle de Bordenave, le directeur des lieux).


A ce propos, le réalisateur Christian-Jaque peut compter sur une distribution impressionnante, à l'image de Charles Boyer, Jacques Castelot, Noël Roquevert, Jean Debucourt, Marguerite Pierry et beaucoup d'autres. Puisqu'il s'agit d'un coproduction franco-italienne, le casting comprend également des comédiens tels que Walter Chiari, Elisa Cegani ou encore Luisella Boni.


Reste le cas Martine Carol : jamais considérée comme une grande actrice, la femme du réalisateur confirme cette réputation dans "Nana", mais compense par son charisme, son naturel et sa sensualité exacerbée (qui l'autorise à porter des décolletés plongeants).
Finalement, la comédienne apparaît donc à l'aise dans ce rôle de courtisane, même si à titre personnel je ne suis guère sensible à ses charmes.

Val_Cancun
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Christian-Jaque

Créée

le 20 juil. 2021

Critique lue 447 fois

10 j'aime

4 commentaires

Val_Cancun

Écrit par

Critique lue 447 fois

10
4

D'autres avis sur Nana

Nana
Cinephile-doux
6

Le Second Empire des sens

A Paris, sous le Second Empire, Nana est une chanteuse d’opérette qui fait tourner les têtes y compris celle du très prude comte Muffat, chambellan de l’empereur. Au-delà de la fidélité, ou non, au...

le 31 mai 2020

5 j'aime

Nana
270345
5

Les fanas de Nana

Je vous parle d'un temps... où la jupe d'une femme au-dessus du genou faisait scandale ! Cette histoire d'une gourgandine célèbre du music-hall qui passe son temps à ruiner les riches qui la...

le 22 mars 2018

4 j'aime

3

Du même critique

Baby Driver
Val_Cancun
4

L'impossible Monsieur Baby

Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...

le 20 juil. 2017

60 j'aime

15

Faites entrer l'accusé
Val_Cancun
9

Le nouveau détective

Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...

le 2 avr. 2015

50 j'aime

11

Bullet Train
Val_Cancun
4

Compartiment tueurs

C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...

le 4 août 2022

49 j'aime

17