L’épopée napoléonienne dans toute sa démesure, entre virtuosité et splendeur.

L'histoire de Napoléon Bonaparte, de son enfance à l'école militaire de Brienne jusqu’à sa première campagne d’Italie.


L'Empereur Bonapart est l'un des personnages historiques les plus représentés sur les écrans, avec plus de 700 apparitions (selon l’historien et critique de cinéma Antoine de Baecque), quoi de plus normal qu’il ait eu droit à un biopic si tôt après la création du cinématographe par les frères Lumière.


Après un travail titanesque de 16 ans (et au budget colossal de 4M d’€) mené par Georges Mourier dès 2007 pour reconstruire et restaurer ce film mythique mais disparu ou plutôt charcuté en de multiples versions qui ne ressemblaient en rien à l’oeuvre d’origine (il a fallu récupérer des éléments conservés dans des archives éparpillés aux quatre coins du globe), le grand public à enfin la possibilité de découvrir l’oeuvre tel que l’avait imaginé son réalisateur près d’un siècle plus tôt (et que les spectateurs n’avait pas revu depuis sa première présentation en mai 1927) tout en respectant scrupuleusement le matériau d’origine, à savoir, sa colorimétrie, son cadre de projection et les teintes d’origines.


Au commencement, il existait 3 versions (officielle) du film, la première appelée “Opéra” d’une durée de 4h, la seconde appelée “Apollo” d’une durée de 9h30 et une troisième (qui est la version définitive) appelée “Grande Version” d’une durée de 7h. C’est sur cette dernière que la Cinémathèque française a réalisé la restauration (d’autres versions ont circulé dans le monde, notamment celle de la Metro-Goldwyn-Mayer, totalement charcutée au montage puisqu’elle ne dure plus que 2h).


Abel Gance réalise ici une oeuvre phare dans l’Histoire du 7è Art, une fresque épique et démesurée (un tournage étalé sur deux ans et un montage qui aura nécessité une année entière) avec laquelle il ne cessera d’innover en cherchant à se surpasser et tout cela se ressent à l’image. Sa mise en scène est novatrice et bon nombre de séquences sont à couper le souffle (surtout pour un film qui s’apprête à fêter ses 100 ans !). On pense bien évidemment à la séquence culte du triptyque final dit “Le Départ de l’Armée d’Italie” selon le procédé conçu par le réalisateur, de projection en triple écran, qu’il nommera plus tard “Polyvision” ou bien les poursuites avec caméras déportées sur les chevaux au galop, plans kaléidoscopiques, les multiples surimpressions, la caméra harnachée à un balancier, les cadrages à hauteur d’enfant, les split-screen,…


Le travail de restauration (en 5K) est une pure merveille et rend un vibrant hommage au travail titanesque orchestré par son réalisateur. Abel Gance n’ayant donné aucune instruction quant à l’accompagnement musical de sa version définitive, la Cinémathèque française l’a confiée au compositeur Simon Cloquet-Lafollye et le résultat est tout simplement sublime et vient parfaitement accompagner les 7h de projection.


On est pris au coeur du film, de part son histoire, sa fougue, sa mise en scène endiablée et virtuose et ses acteurs si charismatiques (bien que le jeu puisse prêter à sourire, car cinéma-muet oblige, le surjeu était de rigueur), avec en premier lieu Albert Dieudonné qui incarne Napoléon à la perfection. Si la durée du film peut en réfréner certains, cela reste une expérience à vivre, de même que les 7h de Guerre et Paix / Война и мир (1966) de Sergueï Bondartchouk (où il était là aussi question de Napoléon, mais dans une moindre mesure), c’est quelque chose à vivre au moins une fois dans sa vie (et sur grand écran de préférence).


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le 18 juil. 2024

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