"Ne nous fâchons pas" est une comédie policière de Lautner, genre farce, sur fond de film noir.
Mais sur la côte d'azur, le noir ne semble pas prendre.
Pourtant le film commence bien comme ça avec l'arrivée de malfrats en cavale (habits noirs, lunettes noires et ambiance noire) chez un ancien gangster, Antoine Beretto, devenu armateur puis tout s'arrange et se solde "honnêtement" par la récupération d'une simple créance auprès d'un bookmaker à Nice. Et là le film noir se transforme tranquillement en farce car le créancier, Michalon, est insolvable et une véritable planche pourrie. Antoine Beretto se trouve impliqué dans un assassinat pour protéger Michalon qui ne sera que le premier d'une longue série. Là où l'affaire se corse, c'est que l'adversaire se révèle être un gentleman anglais de bonne foi mais sans humour. Et la riposte ne se fait pas attendre. C'est l'escalade, le conflit franco-anglais entre truands sur le sol français. Alors on doit se poser la question, sans nous fâcher, est-on partis pour une nouvelle guerre de cent ans ? Qui gagnera ?
Voilà ! J'ai résumé le film en spoilant un minimum.
Michel Audiard a dû bien s'amuser en montant son scénario à tiroirs et en roue libre où d'un petit assassinat on passe à un double puis à plusieurs jusqu'au passage au stade industriel qui appellera une riposte qui se voudra tout aussi progressive jusqu'à élimination complète du problème (anglais).
Ce qui n'est pas original dans le film ce sont les principaux héros, Beretta (Lino Ventura) et Jeff (Michel Constantin) qui se trouvent impliqués dans les affaires pourries de Michalon (Jean Lefebvre). D'anciens truands obligés de remettre ça. Je dirai que c'est la base sérieuse du polar, la raison d'être du film. Le mobile.
En revanche, ce qui est original, c'est les bandits contre qui ils doivent lutter à savoir la bande du Colonel qui est un vieil anglais, du style ancien de l'armée des Indes, entouré d'une bande de jeunes damoiseaux en uniforme fantaisie, cravate et cheveux longs façon Beatles qu'il lance à l'attaque des français à bord de leurs mobylettes rouges. Et comme s'il fallait mettre les points sur les "i" du spectateur, un leitmotive musical façon rock des années 60, toujours style Beatles, les annonce ou les accompagne.
Côté anglais, c'est le fair-play sans concession qui règne et côté français, c'est la politique attentiste du style "bataille de Fontenoy" qui finit par se transformer naturellement en force brute et aveugle ...
Je critique pas le côté farce. Mais pour le fair-play, y aurait quand même à dire.
L'hospitalité anglaise, on connaît les précédents... Y'a des récits plein les manuels.
La mise en scène est assez réussie que ce soit la maison du colonel - tirée au cordeau avec une pelouse et un style "british" ou les affrontements anglo-français. La scène du pilier central du viaduc assez jubilatoire. Les numéros et les cascades avec la R8 Gordini sont plaisants et rappellent une époque désormais révolue. C'est comme le mignon numéro des majorettes ...
Au final, le film, sans être génial, comporte de nombreuses scènes amusantes et les numéros des acteurs Ventura, Constantin, Lefevre et Mireille Darc (qui débarque en deuxième partie) sont attendus, réussis et bien accompagnés par les dialogues d'Audiard, comme de coutume bien enlevés.
Dans ces poids-là, je peux vous l'embaumer façon Cléopâtre. Le chef-d'œuvre égyptien, inaltérable !
Mais on vous demande pas de conserver, on vous demande de détruire !
Ah ! euh ! Je vous proposerais bien le puzzle congolais : 32 morceaux plus la tête ! Ou alors le cubilot de Vulcain : 10 tonnes de fonte, quinze cents degrés, et votre petit jeune homme se retrouve en plaque d'égout ou en grille de square !