Ce film emblématique de la période post-blaxploitation nous est livré par un certain Mario Van Peebles. Fils de Melvin Van Peebles, responsable du brulôt politique qu'est "Sweet Sweetback Baadasssss Song" (1970) (orthographe respectée, si, si!), "New Jack City" fait partie de la vague de films mettant en scène les ghettos afro-américains, tels que "Menace 2 Society" (1993) ou "Boyz n the Hood" (1991).
En 1986, Nino Brown devient petit-à-petit caïd de la mafia Noire américaine en lançant une nouvelle drogue sur le marché : le "crack". Face à un Al Capone moderne se faisant un fric bête sur la misère humaine et n'hésitant pas à tuer quiconque lui barre la route, Scotty, un inspecteur castagneur et borné, va tout faire pour tenter de mettre fin aux activités de Nino.
Le bordel intégral suscité par vente de "crack" dans les rues de la ville est montré sans détours, de sorte que le spectateur ne s'identifie jamais au personnage de Nino Brown. En effet, de trop nombreux films nous montrent des gangsters sous un jour trop positifs (belle bagnoles, belles nanas, charisme ravageur, etc) ou en tout cas trop peu nuancé. Ici, la principale qualité du film est de détruire l'image du "bad boy" entouré de sous-fifres à sa solde. Exit l'idolatrie pour les personnages à la Scarface (auquel il est clairement fait référence dans "New Jack City"). Campé par un Wesley Snipes au jeu extrême, Nino est bourré de tares diverses : parano total, traître envers son peuple qu'il asservit lui-même et envers ses propres amis, il ira jusqu'à se servir d'une gamine comme bouclier lors d'une fusillade. Que faire face à des types pareils, qui sévissent dans chaque grande ville? Le débat est ouvert.
(cette critique est parue de le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en mai 2012)