Quand on parle de film sur l’esclavage, je pense immédiatement à de grands films américains qui traitent de l’esclavage et de ses conséquences aux états unis. C’est donc avec curiosité que je suis allé voir ce film qui traite de ce sujet sou un angle français. L’île Maurice qui était « l’île de France » au 18e siècle importait des esclaves depuis des siècles et l’a fait jusqu’à l’aube du XXe. J’ai été plongé dans l’ambiance étouffante de cette cohabitation entre maîtres et esclaves qui ne peut que mal finir. Le « code noir » qui considère les esclaves comme des « choses » est ici rappelé de la manière la plus douloureuse qui soit. La violence est partout et la soumission de certains n’apporte pas la garantie de survivre puisque ceux qui restent deviennent des otages pour éviter que d’autres s’enfuient. Il faut saluer le réalisateur qui a su filmer la violence des châtiments sans tomber dans une fascination pour la violence ni une édulcoration qui aurait nui au film. J’ai été ému par les acteurs qui sans être exceptionnels incarnent bien les doutes et les dilemmes vécus par ceux qui veulent s’enfuir. Le personnage de chasseuse d’esclave est également particulièrement intéressant par l’ambivalence dégagée qui hésite entre la compassion et le fanatisme jusqu’à en subir les conséquences fatales. Enfin, je voulais saluer le choix d’utiliser la langue wolof pour une large partie des dialogues. La langue souligne ici que les maîtres et les esclaves étaient deux mondes qui ne se comprenaient pas au sens strict du terme. La langue des origines souligne dans ce film la seule chose qui restait à ces pauvres êtres arrachés à leur terre et à leur histoire.


SaintPol
7
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le 24 sept. 2024

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