Pouvez-vous croire sans voir ? Voilà la question que nous pose Clément Cogitore à travers un premier film à la fois puissant et poétique. Ni le Ciel Ni la Terre nous compte l'histoire d'une unité de l'armée française en poste à la frontière afghane-pakistanaise. Ce groupe hétéroclite de soldats dirigés par le Capitaine Antarès Bonnassieu se retrouve rapidement confronté à la disparition de plusieurs des leurs dans des circonstances étranges. Alors qu'ils s'affairent à retrouver les disparus, les hommes commencent à perdre pied face à un mystère qui s'épaissit.
C'est donc de superstition qu'il est ici question. Mais si le propos du film semble donc dépasser le réel, la mise en scène de Cogitore fait franchement penser à un documentaire sur les combattants d'Afghanistan. Ce contraste saisissant est une des grandes force du long-métrage, il permet de comprendre avec exactitude le sentiment de désemparement des personnages qui se retrouvent face à des évènements qu'ils ne peuvent expliquer. Cet aspect du film, absolument magnifier par d'ingénieux plans caméra au travers de lunettes thermiques, est le fil conducteur qui tient efficacement le spectateur en haleine, de bout en bout. Critique, sans jamais tomber dans le cliché, Ni le Ciel Ni la Terre pousse sa réflexion jusqu'au bout et nous permet d'entrevoir la complexité d'un monde qui garde ses mystères malgré les temps qui courent. A travers l'atmosphère réaliste qu'il brasse, ce premier long métrage offre une très belle leçon sur l'existence et sur le monde.
La guerre, sujet trop peu traité dans le cinéma français, est ici parfaitement représentée. Au-delà du sujet principal de la superstition, le film permet d'entrevoir la réalité du terrain et de la pensée des hommes. Bien que le sujet de la psychologie des soldats est à peine effleuré, il à le mérite d'être présent et d'être traité avec une dimension tout à fait inédite. L'interprétation des acteurs est assez bonne dans l'ensemble, même si certains rôles écrasent les autres au niveau de la présence à l'écran et dans les dialogues. L'aspect esthétique du film est particulièrement travaillé, encore une fois grâce à la beauté des plans subjectifs à la lunette thermique mais pas seulement. Le lieu de tournage au Maroc est d'une beauté à couper le souffle et le milimétrage des scènes très graphiques comme la danse d'un des soldats sont très bien venus.
Ni le Ciel Ni la Terre est donc un Long-métrage d'une superbe qualité sur bien des plans. Encore plus impressionnant, ce film est le premier long-métrage d'un jeune réalisateur qui annonce parfaitement son talent et sa démarche artistique à travers un film qui à tout d'une grande oeuvre.