Cedric Klapisch s'essaye au thriller. Et pourquoi pas. La vivacité habituelle de son rythme, l'efficacité de sa direction d'acteurs et son talent particulier pour mettre en scène des groupes, en parvenant à donner une personnalité profonde et marquante à chacun de ses membres, sont tout ce qu'il y a plus compatible avec les exigences du genre.
Reste que la première moitié souffre du fait que le réalisateur pense devoir forcément accommoder l'atmosphère avec son ton léger habituel. Ce qui aurait pu réussir s'il avait su équilibrer la tension inhérente au domaine qu'il expérimente avec son propre humour. D'autant plus que la bande de malfrats que la protagoniste intègre est composée de véritables abrutis. Un argument scénaristique qui est idéal pour faire rire. Mais Klapisch, quand il ose s'y lancer, laisse tomber très vite (à l'image des voix-off dans le premier tiers, faites entre autres pour créer un recul ironique, disparaissant dans les deux derniers !).
Je passe sur la très grosse invraisemblance des hold-up dans les bijouteries des Champs-Élysées, établissements visiblement aussi faciles à braquer que le bar-tabac du village (à visage découvert tant qu'à faire ; dans un film qui en aurait un minimum quelque chose à foutre de la crédibilité, les voleurs se feraient attraper sans difficulté au bout de quelques heures grand max !).
Mais il y a les fameuses qualités klapischiennes citées précédemment qui n'attendent pas que le film s'améliore dans la seconde moitié pour d'ores et déjà s'installer. Et alliée aux fidèles du metteur en scène (Zinedine Soualem, Vincent Elbaz, Simon Abkarian, impeccables évidemment !), la sublime Marie Gillain, pleinement à l'aise et étonnante dans le rôle d'une jeune femme lassée de la monotonie de son existence et prenant très vite goût à l'illégalité ainsi qu'à la violence qui en découle, se révèle charismatique en diable.
Alors, la seconde moitié, mettant quasiment de côté la comédie, se concentre sur un vol audacieux et risqué (au passage, la manière dont le personnage d'Elbaz, qui en est l'organisateur, explique son plan dans un kébab mérite d'être soulignée pour son originalité !). La tension se fait un plaisir de pointer son nez et ne lâche plus le spectateur jusqu'à une fin aussi jouissive qu'immorale et cynique.
Bref, lorsque le cinéaste consent à aller à fond avec les caractéristiques du thriller, son meilleur ressort. Et, en conséquence, il serait hypocrite de ma part de ne pas dire que le divertissement est loin d'être désagréable. Certes imparfait et partiellement bancal, Ni pour, ni contre (bien au contraire) est un Klapisch peu connu. Pourtant, cet opus devrait satisfaire ceux qui ne sont pas insensibles au charme de son style.