Dès la première scène, le spectateur sait à qui il a à faire. Lou Bloom (Jake Gyllenhaal) est attiré par ce qui brille. Lors d'un vol de ferraille dans une entreprise, il est surpris par le gardien de nuit et remarque immédiatement la montre qui scintille à son poignet. Il assure au vigile s'être trompé de route et s'approche de lui pour lui montrer ses papiers. On ne connaîtra pas les circonstances de l'échange entre les 2 hommes mais la scène suivante nous montre Lou, paré du bel objet.
Or, qu'est-ce qui brille plus que la télévision ?
Lou tombe par hasard sur un accident filmé par un professionnel qui s'empresse, par téléphone de revendre les images à une chaîne d'informations locale (nous sommes à Los Angeles).
Dès lors, sa vocation est trouvé : il sera pourvoyeur d'images sanglantes (accidents, braquages) pour une petite chaîne de télévision.
Sans scrupules, sans aucune compassion pour les victimes qu'il filme, il gravit rapidement les échelons et recrute même un jeune SDF à qui il verse un salaire de misère.
Le plus fascinant dans ce thriller est de voir cet homme, sociopathe et vénal, ne reculer devant aucun stratagème, même les plus sordides, pour parvenir à ses fins.


Quelques dialogues sont édifiants :


Lou à son employé servile : "Le plus important dans le travail c'est la communication !"


Lors d'une conversation, son jeune salarié, corvéable à merci, lui dit : "Le problème, Lou, est que tu ne comprends pas les gens". Sur le coup, Lou ne répond rien mais un peu plus tard dans le film, dans des circonstances que je ne peux dévoiler sans spoiler Lou répond : "Tu vois, ce n'est pas que je ne comprends pas les gens, simplement, je ne les aime pas".
Tout à la fin du film, Lou dit à une inspectrice de police : "On dit que celui qui me voit passe la pire journée de sa vie".


Finalement, le seul être humain pour qui il montre un intérêt et la directrice de l'information de la chaîne à qui il revend ses images : il a trouvé en elle une forme d'alter ego. Cela ne l'empêche pas d'asseoir sa domination sur elle et d'user de chantage pour obtenir ses bons offices.


Et finalement, si le principal responsable de la création de ces êtres dénués de tous scrupules était le téléspectateur, avide de voir sur son petit écran des images violentes, du sang et des morts ?


À noter la performance éblouissante de Jake Gyllenhaal, personnage autour duquel est bâti le film, parfaitement crédible dans son rôle de sociopathe.

robindestoits
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le 14 août 2018

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