Nightcrawler, ou Night Call en français (oups ce n'est pas du français, mais juste pour les français qui ne pourront pas prononcer "nightcrawler" ;)), est un film dont je n'attendais pas grand chose. Ne subissant pas de matraquage médiatique (non pas que je vive dans une grotte, hein!), je passe parfois à côté de ce qu'on dit sur tel ou tel film (en plus je n'étais pas encore sur SC à sa sortie). C'est donc vierge de toute opinion que je me suis lancée dans ce L.A. by night au goût de sang.
Car du sang il en faut, pour nourrir les moutons (oui oui des moutons vampires). Pour attirer le troupeau avec le sensationnel, il faut inévitablement passer par le trash, ou "Graphic" qu'ils disent, et le macabre. Mais attention, il ne faut pas oublier l'avertissement de choc quelques secondes avant les images, pour les pauvres âmes sensibles... Bien sur, ce n'est pas grave si on retouche un peu et si on omet quelques détails, il faut bien construire l'histoire pour donner du rêve ou du cauchemar en l'occurrence. Il faut que les gens devant leurs écrans puissent être immergés dans l'info, pour qu'ils ressentent la peur et la menace... Accentuer la paranoïa, ça rapporte de l'audience et ça fait vendre les armes.
Le film nous plonge ainsi dans cette course poursuite pour le scoop où tous les coups sont permis. Permis surtout pour Lou Bloom, ce loser asocial, autodidacte et sociopathe au débit qui surpasse celui des crieurs de marchés ambulants (je ne sais même pas si ça existe encore tiens). Il l'a bien compris le LouLou, la tchatche ça marche ! Il déballe des définitions encyclopédiques avec une assurance qui désarme et il casse toute argumentation qui ne va pas dans son sens. Une vraie machine manipulatrice et sans scrupules que campe un Jake Gyllenhaal aux yeux exorbités et au sourire flippant. Un psycho qui a trouvé dans la profession de "stringer" (pigiste) de quoi mêler travail et plaisir. Il n'a pas peur de se salir les mains (au sens propre et figuré) et n'en a que faire de l'éthique, tant que ça fait la Une et qu'on le paye, en chèque plus en nature. Un personnage assez impressionnant qui véhicule un regard sur la société qui fait froid dans le dos. Car oui, c'est ici extrême, mais l'idée que ce genre de personnes puisse exister vient du fait que le peuple demande toujours à voir plus... Au final, c'est juste de la TV... du Show !
Bon, j'ai moi aussi déblatéré pas mal de sottises sans vraiment parler du film, mais beaucoup de belles choses ont déjà été dites par d'autres. Je voulais donc juste parler des deux points qui m'ont fait apprécier le film: La critique de ce monde du sensationnel dont je ne comprends pas vraiment l'intérêt, et la performance de Jake dans ce personnage de lombric fou. La qualité de la réalisation n'en demeure pas moins remarquable pour un premier coup d'essai, et malgré quelques faiblesses dans le scénario, le film est une belle réussite.