Sacré bon film, qui pourtant ne m'attirait pas spécialement au départ (film de traque, film d'hommes…)
Sauf que les frères Coen (et Cormac McCarthy, dont c'est l'adaptation fidèle) utilisent ce prétexte narratif pour traiter du mal absolu, et de l'évolution de l'humanité vers l'horreur et le chaos (un point de vue qui peut se discuter, mais qui s'avère très convaincant dans le film, judicieusement situé dans les années 80).
Ce mal "pur" est incarné par un Javier Bardem terrifiant de cruauté et de placidité dans l'abjection, dont la coupe au bol absurde ne fait qu'ajouter à l'effroi provoqué par le personnage.
Josh Brolin se révèle très convaincant lui aussi en redneck débrouillard et obstiné, dans un casting qui comprend également Woody Harrelson, Kelly MacDonald et Garret Dillahunt.
Quant à Tommy Lee Jones, qui d'autre que lui pouvait incarner cette génération dépassée, empreinte de sagesse et de bienveillance, mais impuissante et finalement démissionnaire…
On pourra toutefois déplorer quelques longueurs dans ce métrage au tempo lent, comme souvent chez les frères Coen, mais celles-ci seront aisément pardonnées face au nombre de scènes mémorables qui se succèdent tout au long du film, surlignées par la photo splendide de Roger Deakins.