Une fois n'est pas coutume, je vais critiquer Nobody Knows juste après l'avoir vu. La raison ? Profondément touché par l'histoire de ces 4 frères et sœurs, seuls au monde et pourtant si forts. Hirokazu Koreeda nous livre ici un film superbe, frais, simple, doux et dur, bref, un chef d'œuvre.
Tout commence doucement. Un peu sceptique devant le spectacle qui s'ouvre devant mes yeux, je ne vois que la vie banale d'une famille assez peu ordinaire certes mais sans grand intérêt. L'image a un grain, tout est beau mais cela ne comble pas mes attentes. Et puis tout bascule. La mère s'enfuit, rien n'est dit mais on le sait, tout comme les enfants. Elle est amoureuse, encore. Sans aucun scrupule, elle laisse ses enfants dans un appartement avec l'interdiction de sortir, une note pour l'ainé et un peu d'argent.
Comment faire dès lors pour garder la tête hors de l'eau ? Et comment continuer à vivre simplement. L'inquiétude est omniprésente chez le jeune héros et le spectateur que je suis la ressens aussi. Mais même si on ne sait pas ce qui va se passer la minute d'après, on reste optimiste : la joie de vivre des enfants, leurs petits plaisirs, tout porte à croire qu'ils peuvent réussir.
C'est après une brève réapparition de la mère, irresponsable et égoïste, on le voit, qu'on sait que tout ne peut plus qu'aller de travers. Pourtant, là où nombre de films tomberaient dans le mélodrame lacrymal, Koreeda évite tous les pièges et porte à l'écran quelque chose de bien différent : oui, la situation est désastreuse mais rien n'arrête ces quatre enfants dans leur combat pour leur survie. Sans jamais tomber dans la violence de l'histoire, sans jamais verser dans la caricature, dans l'excès. Comme la mise en scène, les situations, les personnages sont sobres, simples et vrais. Un peu la manière de la Guerre est déclarée, on vit ce combat sans pour autant s'apitoyer. On est révolté mais on ne sait pas quoi faire de plus que les enfants, on veut les aider mais on voit bien qu'on ne peut pas, que personne ne le peut.
Le grain de l'image apporte ce qu'il faut de poésie dans des décors typiquement japonais pour permettre un dépaysement total et une accoutumance aux lieux aisée. Un peu à la manière d'un studio Ghibli, on découvre un Japon parfois cruel mais empreint d'une aura particulièrement agréable. Et même la caméra à l'épaule n'est plus un frein et ne fait que rapprocher le monde de nos yeux. 2h20 de bonheur visuel, de ce que la culture nippone peut offrir de meilleur.
Car tout ce qu'on voit nous touche, jusqu'à la mort de l'un des enfants, filmée avec douceur, délicatesse et justesse. Les enfants ne comprennent pas sa disparition et son au revoir est simplement magnifique. Bref, malgré une connaissance du cinéma japonais tout ce qu'il y a de plus limitée, il est clair que ce film est l'un des meilleurs qu'il puisse nous proposer. Efficace bien qu'un tantinet trop long, on se délecte de chaque image et de chaque scène. Je le recommande vivement.