La survie de l'espoir. C’est la promesse de Nobody Knows, qui centre son propos sur une jeune fratrie, sur le thème de l’enfance et les souvenirs que cela évoque pour chacun d’entre nous. Des instants parfois interminables, entrecoupés par des jeux et des rires innocents. L’enfance est une réalité enchanteresse qui ne perd jamais de sa superbe. Et pourtant, Kore-eda ici en expose une autre lecture, une autre réalité, en s’inspirant d’un fait divers qui avait secoué le Japon, celui des enfants abandonnés de Nishi-Sugamo. Il ponctue aussi son œuvre de références à d’autres tabous sociétaux, comme l’ijime ou encore le JK business. Ces sujets trouvent comme point commun le drame, la tristesse. Et pourtant, ce n’est pas cette vision que le réalisateur choisit de porter à l’écran. C’est la qualité de son approche réaliste qui lui permet de saisir le plus beau comme le plus sombre de ce que le monde a à offrir.
Nobody Knows est un film juste, aussi bien dans sa conception d’ensemble, que dans la construction du récit et des protagonistes. Le reproche pourtant est facile, tout comme le jugement, ou l’apitoiement sur le sort des enfants. Néanmoins, comme un funambule, le spectateur ne vacille pas, ne bascule pas de l’un à l’autre, à l’inverse, il se laisse guider comme si on lui présentait un documentaire exposant certaines thématiques de la société nippone. La distance prise par Kore-eda ne déshumanise pas, mais elle permet de révéler la complexité de la situation. Je n’ai, personnellement, pas pu détester cette mère, adolescente dans ses manières et dans sa façon de parler, parce qu’elle aime ses enfants, malgré tout. Je n’ai pas pu détester Akira de se dérober parfois à ses responsabilités de chef de famille pour redevenir ce qu’il est supposé être : un enfant. Les enfants, par ailleurs, nous livrent une prestation très sincère, et les aînés Kyoko et Akira sont brillants dans leur différence, l’une se livrant à la rêverie enfantine, et l’autre se plongeant à contre-cœur dans la réalité des adultes.
Pourtant c’est bel et bien l’espoir le fil conducteur du film, celui auquel se raccroche le spectateur malgré une dégradation des choses, malgré la réalité douloureuse, qui pourraient faire arracher des litres de larmes. Le pathos a pour finalité l’espoir, la fureur de vivre, la rage de vaincre, toutes ces belles capacités que l’innocence de l’enfance permet de préserver.