C'est tout con, mais quand on veut raconter trop de choses, on raconte que dalle. C'est le cas avec Normale.
C'est un patchwork de trop nombreux éléments qui, sur le fil conducteur d'une fille s'occupant de son père veuf atteint de sclérose en plaque, ne sont jamais exploités et approfondis pleinement.
Le paternel apparaît trop peu. Des caractéristiques de sa personnalité comme sa fascination pour les zombies, ses prises fréquentes de drogue, sa négligence dans les tâches quotidiennes les plus utiles et basiques, qui auraient pu le rendre intéressant, ne se pointent que trop rarement et que trop sporadiquement pour avoir le moindre impact (ah oui, cela signifie aussi que Benoît Poelvoorde est sous-employé ; ce qui est regrettable, car c'est un brillant acteur, capable d'insuffler une grande portée émotionnelle à ses personnages ; on ne prend pas un tel comédien pour pratiquement en rien en foutre, putain !).
Je peux en dire autant pour la scolarité compliquée de la fille, à cause de ses problèmes personnels, à cause de sa marginalité et aussi parce qu'elle évolue dans un lycée plus proche du 93 que de l'École alsacienne... trop rare et trop sporadique (d'ailleurs, vous croyez sérieusement que dans un établissement aussi pourri, aussi peuplé de cassos, des membres du personnel organiseraient, avec des élèves, un spectacle musical aussi sophistiqué ?).
Reproche identique pour ses relations avec le jeune garçon de sa classe dont elle a le béguin. Trop rare et trop sporadique. Et bordel, l'alchimie entre les deux jeunes interprètes fonctionnait plutôt bien. Il fallait creuser, merde.
L'univers imaginaire de la protagoniste, exposé par l'intermédiaire de sa voix-off... trop rare et trop sporadique.
Le fait que le personnage principal soit obligé de travailler dans une sandwicherie pour maintenir sa maison à flot, c'est complètement négligé. Alors que ça aurait pu renforcer la sensation lourde du quotidien difficile d'une adolescente qui doit gérer en même temps son foyer, sa scolarité et, en plus, un job. On n'est même plus dans la rareté et dans la sporadicité.
Dans le ton, c'est pareil. En ne réussissant pas à bien équilibrer la chronique adolescente se voulant un minimum réaliste, la chaleur humaine et la fantasmagorie, le résultat ne fait qu'être que plus bancal.
Seule Justine Lacroix, dans le rôle principal, par sa justesse et une présence incontestable, parvient à éviter au film de sombrer entièrement.