Je sors d'une séance de "Nos futurs". Je passe sur le jeu de mot, tout en soulignant qu'il a l'avantage de donner le ton de ce récit, sur toile de fond psychanalytique.
De la jeunesse au deuil, de ce qui nous est autorisé à ce qu'on s'autorise de soi-même, sur la prise de conscience du temps, de la mort, j'ai été invitée, non pas à une bamboula, mais à suivre le parcours de décryptage onirique d'un puissant déni, qui se place non seulement du côté du meilleur ami, mais surtout du père. De ces décisions traumatiques que prennent les adultes "pour nous protéger" et qui nous assènent à jamais l'obligation de répéter sans fin la souffrance que ladite décision a inconsciemment engendrée.
Très élégamment interprété, Pierre ROCHEFORT donne à son personnage le ton d'un autisme qui n'en est pas un, car il s'agit bien de trauma, ce que la fin démontre. Pio MARMAÏ est impeccable, comme souvent. Micha LESCOT, bien que très peu présent à l'écran, est mis en perspective par Tom NOVEMBRE, et réciproquement, et vient apporter dans le passé la touche de la parole du rêve, ce qui va dénouer, mettre les mots, bien absents durant toute la première moitié du film, libérer.
Car si l'inconscient ignore le temps, il ne s'agit pas de revenir dans le passé, et j'ai bien senti, dès le début, en fait dès la citation de FITZGERALD en introduction du film, que ce qui se déroulait devant moi, et que ce que je voyais n'était pas tout à fait ce que je regardais.
Un film intelligent, aussi habile dans la douceur de la présentation de son propos, que l'on passe des rires aux émotions nuancées de la tristesse, et de la confrontation à la réalité.
Bonne séance :)