Inutile de tourner autour du pot, Gus Van Sant s'est planté. Nos souvenirs (Sea of trees) ressemble au film lambda de n'importe quel tâcheron d'Hollywood et l'on a bien du mal à y retrouver l'âme du cinéaste.
On imagine volontiers ce qui a pu le séduire dans cette affaire, l'homme confronté à la nature, les mystères de la forêt, la solitude, la perte de soi, l'errance, un questionnement personnel, pourquoi pas, sur le sens de la vie. Sauf qu'à choisir le mauvais scénario, Gus Van Sant a tôt fait de savonner la planche sur laquelle il tente d'avancer.
Si le début du film ne fonctionne pas trop mal, si le premier flash-back se tient, ça ne va pas en s'arrangeant, le récit versant alors dans un sentimentalisme sirupeux doublé d'une philosophie de bazar et d'une confrontation orient-occident pour le moins sommaire. Mal foutu, mal écrit et plusieurs fois grotesque, le scénario tue le film de l'intérieur et le conduit droit dans le mur, le lent et laborieux final venant parachever le travail de sape.
Il n'y a pourtant aucun doute sur la sincérité de Gus Van Sant. Il est évident qu'il y a cru. On retrouve parfois l'élégance de sa caméra, un raccord ludique, un traitement sonore intéressant, quelques insertions musicales, mais peu de choses finalement. Si les comédiens ne déméritent pas, Naomie Watts en tête, ils n'arrivent jamais à donner vie à des personnages sans épaisseur auxquels on ne peut pas s'intéresser.
On espère évidemment que celui qui nous a offert tant de sublimes films se remette de cette sortie de route pour le moins couillonne.