Nosferatu s'est peu à peu transformé en comédie malgré le sérieux (très) pompeux qu'il affiche pendant 2h20... Au moment où l'on commençait à piquer du nez dans ce film qui n'est qu'un dépoussiérage propret du Nosferatu de 1922 (mais qui n'aurait pas payé l'EDF : petite pensée à nos chers spectateurs qui nous demandent sans arrêt si l'ampoule du projo n'a pas grillé), on a vu comment Lily-Rose Depp jouait une scène de possession, et on a vu la moustache hideuse (un balais-brosse) de Nosferatu, et là, le film a pris une tout autre tournure. Nosferatu est donc devenu le combat de la femme qui a mis les doigts dans la prise contre Philippe Martinez. Cette version nous va mieux que le film à jumpscares (sursauts) débiles qui s'enchaînent comme dans un Blumhouse moyen, dont la presse vante l'aspect "féministe moderne" un peu vite ("la femme qui veut s'émanciper de la coupe des hommes, qu'ils soient le Monstre ou les médecins intrusifs, et qui est l'héroïne de l'histoire"...d'accord, mais c'était déjà dans la version de 1922), qui sous-utilise ses vedettes (autant on n'est pas fan de la filmo de Lily-Rose Depp, autant là on lui accorde que c'est ce qu'on lui demande de jouer qui est casse-gueule, les scènes de possession sont soit maîtrisées à la perfection soit nanardesques, on n'a pas droit à l'erreur, et ici, on sait aux rires incrédules dans la salle de quel côté la balance a penché), et dont la durée est abusive (une heure en trop ?). Heureusement, le film étant un "Eggers", on peut compter sur quelques beaux plans (la maison sous la neige vue de l'extérieur, le plan de la main qui court sur la ville comme dans le film original), laisse les répliques en langue ancienne sans traduction (ce qui nous pousse à nous identifier au personnage principal qui n'y comprend rien), et cette adaptation permettra aux néophytes de découvrir une œuvre majeure du cinéma. Mais si vous attendiez une quelconque nouveauté ou réinterprétation du mythe, vous avez fait fausse route, Eggers souffle juste un petit coup sur le Nosferatu de 1922. Par contre, les scènes d'hallu en roue libre et Philippe Martinez (osez dire qu'on les a déjà vus dans la même pièce), alors ça, c'est nouveau.