C'est sans doute le projet le plus personnel de Robert Eggers. La campagne promotionnelle a été suffisamment intelligente pour dissimuler le monstre et susciter le mystères jusqu'à la sortie du long-métrage.
La patte visuelle et gothique chère à Robert Eggers n'a jamais été aussi présente. Il y a une aura de mystère permanente autour du comte Orlok qui n'est pas souvent montré (souvent absent ou caché dans l'ombre). On ne peut pas enlever au réalisateur d'avoir brodé le style de la créature tout comme celui de l'esthétique générale de l'Allemagne du XIXe siècle (1938).
Ici Nosferatu c'est littéralement Dr. Robotnik amaigri. Il parle avec une voix en mode les chants de gorge dans Dune, Venom et le souffle d'un Dark Vador. En réalité c'est plus une inspiration d'un style roumain du XVIe siècle, pour sentir le vécu du personnage.
En cela le travail sur les décors est costume est impeccable. La photographie très sombre entre teintes bleutées et oranges est un également un bel emballage. Les effets spéciaux aussi de bonne facture sont plutôt discrets grâce à la combinaison de tout ces effets. La musique avec les cordes s’accorde complètement avec le ton gothique et mystérieux du film.
Lily Rose Depp (Ellen Hutter) campe un rôle très physique. Chapeau à l'actrice. On se demande si parfois elle n'est pas dans le surjeu tant le sien va dans les extrêmes (détresse/colère). Nicholas Hoult (Thomas Hutter) fait du bon taff comme à son habitude. Bill Skarsgård (comte Orlok) est méconnaissable. Son travail de transformation physique et vocale est impressionnant. Willem Dafoe (le Van Helsing du film) lui aussi a une bonne interprétation. Simon McBurney (Herr Knock) et Ralph Ineson (Dr Wilhelm Sievers) fonctionnent. En revanche le couple Aaron Taylor-Johnson (Friedrich Harding) et Emma Corrin (Anna Harding) ne joue pas très bien ici surtout dans le drame.
Ce que Eggers a apporté dans ce remake, c'est je crois le caractère animal et sexuel qu'il y a en chacun des êtres humains. J'ai apprécié ce long-métrage sur le moment. Avec le recul je l'ai trouvé trop long pour ce qu'il avait à raconter, certains passages ayant pu être plus raccourcis et moins clichés (le passage en bateau avec le monstre qui tue en mode slasher.