Appel de la chair, monstrueux appétit et passion inassouvie. Entre sexualité et intimité, Eggers met en scène l’altérité fascinante du mal.
Bien que Eggers n’alimente pas son film d’un sang neuf, ne renouvelle pas les enjeux ( notamment en tentant de faire un remake du film de Murnau) , ses images somptueuses, véritables tableaux en ombres et lumière, son atmosphère ténébreuse nous plongent dans l’imaginaire gothique qui sied aux histoires de vampires. Ici, en revanche, point de romantisme : la créature suscite autant effroi, dégout, horreur que fascination. Pour Eggers, le vampire est telle une machine à désirer, habité d’un appétit insatiable, une non-vie damnée mais puissante. Les métaphores prennent sens dans les attaques de la créature, qui mettent en scène l’abolition des frontières corporelles et sociales dans une logique de dévoilement des pulsions de dévoration/consommation, de la sexualité féminine réprimée par le patriarcat.