Féru de littérature et de cinéma d'époque, le réalisateur allemand Robert Eggers ( " The Witch", "The Northman") s'attaque à un monument du cinéma d'horreur : la légende de "Nosferatu".
Très clairement inspiré de l'oeuvre éponyme de 1922 ("Nosferatu, eine Symphonie des Grauens", par Friedrich Wilhelm Murneau), le dernier long-métrage du réalisateur contemporain se veut aussi horrifique que sinistrement glauque, des images aussi graphiques que magnifiques, pour un public averti.
Le jeune Thomas Hutter ( interprété par Nicholas Hoult) vit dans la commune fictive de Wisborg, en Allemagne.
Envoyé en Transylvanie pour y faire signer un acte de propriété à un homme à l'identité mystérieuse, il laisse à son meilleur ami Friedrich Harding ( interprété par Aaron Taylor-Johnson) la compagnie de sa compagne, Ellen ( inteprétée par Lily-Rose Depp), une femme profondément mélancolique qui sent un grand danger dans ce voyage.
Un long périple commence alors et emmène le voyageur dans des territoires aussi hostiles que mystérieux, ou les croyances religieuses côtoient des peurs surnaturelles.
Cela fait près de dix ans que le réalisateur de seulement 41 ans songe à réaliser un remake du film "Nosferatu", dans la suite logique de sa filmographie qui mêle paysages sauvages, croyances païennes et récits horrifiques.
On compte des centaines, si ce n'est des milliers de films, courts-métrages et séries ayant pour thématique le vampire.
Séduisant, richissime ou membre de sociétés secrètes ( " Twilight", " Underworld"), Robert Eggers nous dévoile une créature effrayante, loin de l'image construite par Hollywood d'un monstre photogénique.
L'acteur suédois Bill Skarsgård est métamorphosé en un monstre pervers, dépourvu de tout sens moral, obnubilé par Ellen, envers qui il est prêt à tout pour s'en rapprocher.
Extrêmement sensible à la connexion qui les lit, la jeune femme attend autant qu'elle redoute la rencontre qui les liera, malgré tout l'amour qu'elle éprouve pour son fiancé, qui semble courir à sa perte.
Il est très surprenant qu'un film qui traite d'un amour quasi impossible, version sanglante de "Roméo et Juliette" ai pu trouver un casting aussi prestigieux, tant les thématiques sont provocantes, scandaleuses et macabres.
Qui aurait pu imaginer aujourd'hui la sortie d'un film qui nous dévoile des rats recouvrir des victimes de morsures, infectées par la peste ? Des animaux cruellement traités de façon aussi graphique ? Une relation extrêmement explicite concernant le vampire Nosferatu et Ellen, sans pudeur aucune ?
Robert Eggers signe avec "Nosferatu" la plus fidèle adaptation d'un récit d'une créature mythique, élevée en sex-symbol ( Robert Pattinson ou Brad Pitt, entre autres) depuis des décennies alors qu'il représente la pire part d'inhumanité de l'Homme, sa perversion, son égoïsme, sa laideur physique et morale.