Robert Eggers s'attaque au mythe de Murnau et Herzog. Exercice difficile de celui de se confronter à deux légendes du cinéma. On sent sa volonté de rester fidèle aux versions de ses ainés; que ce soit sur l'histoire ou même sur des clins d'œil liés à des scènes mythiques. Il semble quelque peu corseté et rend une copie quelque peu conventionnelle, en s'abritant derrière les codes du film de genre de vampire.
Le film apporte un vent de modernité et de fraicheur grâce à des images qui sont parfois à couper le souffle, que ce soit dans les Carpates et la découverte du château, ou dans la reconstitution de la ville de Wisborg. Chaque plan est extrêmement travaillé et se laisse découvrir avec gourmandise, même s'il agit souvent sur les mêmes procédés (jeux de lumière, plans dans les encadrures de portes ou de fenêtres, réveils...).
Le jeu des acteurs est assez inégal. J'ai trouvé Lily Rose Depp convaincante. Ses transes - paraboles d'une sexualité corsetée dans une société puritaine - sont marquantes et éprouvantes. Nicholas Hoult sied bien au rôle de Thomas, avec son air un peu naif. En revanche, le comte Orlok/Nosferatu est bien trop monstrueux à mon goût. A l'inverse de Klaus Kinski, effrayant et merveilleusement dingue, celui de Bill Skarsgard manque d'humanité, et suscite beaucoup moins d'intérêt pour le personnage. Enfin Aaron Taylon-Johnson, avec son jeu emprunté et aseptisé, n'est pas crédible.